jeudi 6 novembre 2008

D'où les blonds ciels s'en sont allés

À 13 ans, j'ai découvert Émile Nelligan grâce à Marc-André Bourgault.

Mon école secondaire se flattait (et se flatte encore) d'avoir compté le poète maudit national parmi ses élèves pendant quelques années (avant de le flanquer à la porte). En 1998, le gala méritas avait donc été rebaptisé "Soirée des Nelligan" et ledit Marc-André, alors fraîchement sorti de l'école, était venu jouer son rôle. Obnubilée par son charme dévastateur (!), j'avais piqué une partie de son texte qui traînait dans les coulisses (Catherine s'en souviendra, c'est elle qui a l'autre partie), qui consistait surtout en un extrait annoté de Soir d'hiver. Fascinée, j'avais mis la main par la suite sur les oeuvres complètes de Nelligan et j'avais appris plusieurs extraits par coeur.

Hier matin, en classe, nous examinions une citation tronquée de Soir d'hiver, placée en exergue du Nez qui voque de Réjean Ducharme et qui va comme suit :

"Ah! comme la neige a neigé!
Mon coeur est consumé de givre.
Qu'est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j'ai, que j'ai?
"
(Émile Nelligan, de mémoire.)

Mon chargé de cours à la crédibilité douteuse, tout content de nous montrer le détournement pratiqué par Ducharme, s'est exclamé : "On sait tous que c'est 'Mon coeur est un jardin de givre', voyons!"

J'ai repensé à Marc-André Bourgault et à son texte annoté et, du haut de mes 13 ans, j'étais pas mal fière de savoir qu'il se gourait.

2 commentaires:

William a dit…

Haw! Haw!
Tout le monde sait que c'est plutôt :

"Ah comme la neige a neigé/
Ma vitre est un windshield givré/
Part le defog pis joue du drum sur le dash/
À Rythme FM, ils jouent du Piché, Piché."

Esquimaude a dit…

Exact, William, exact.

(Non mais y'a tu d'quoi de plus chiant que quelqu'un qui dit "on sait tous que..."?? Surtout quand il fait la preuve après qu'il ne le sait pas lui-même.)