mercredi 30 mars 2011

Communauté et société

La citation qui ouvre mon deuxième chapitre de mémoire. (Je trouve la dernière phrase magnifique.)

Tout ce qui est confiant, intime, vivant exclusivement ensemble est compris comme la vie en communauté [...]. La société est ce qui est public; elle est le monde; on se trouve en communauté avec les siens depuis la naissance, liés à eux dans le bien comme dans le mal. On entre en société comme en terre étrangère.

Ferdinand Tönnies, Communauté et société



dimanche 27 mars 2011

Vous avez dit conservateurs?

Si vous doutez encore du niveau de conservatisme d'Harper et ses comparses, ou même si vous en êtes convaincus, allez lire ceci et faites circuler, pour le bien de vos concitoyens. C'est une page recensant des citations des candidats conservateurs, dont Stockwell Day et Stephen Harper. Je vous garantis un "QUOI???" horrifié pour chaque phrase.

Beaucoup de mots et de petits vêtements

Pas grand-chose à raconter, ces jours-ci : ma vie se résume à un sprint de rédaction d'article et de mémoire et à des préparatifs pour l'arrivée de bébé, qui devrait pointer le bout de son nez (ou, littéralement, de sa tête) dans une dizaine de semaines.

Tout ça entrecoupé de déception et d'indignation devant la politique fédérale (non mais, vraiment, est-ce qu'on va réélire les conservateurs? franchement, là?), le presque-tuage de Pacioretty par Chara et les blanchissages répétés de Canadien.

Vous proposez quoi, comme solution? On vote Bloc, NPD, Libéral? On poursuit Chara en justice? On vire le coach?

dimanche 13 mars 2011

La cabane à sucre du Pied de cochon

Ça commence par Martin Picard qui joue au hockey devant la cabane dans le soir qui tombe, alors qu'on arrive pour souper, moi et les 22 amis avec qui j'ai une réservation ce soir-là. On est excités comme des enfants, prêts à dévorer le meilleur repas de cabane à sucre de notre vie.

On entre, c'est déjà plein de monde assis, comme dans une vraie cabane, à des longues tables en bois. Pas de menu, sauf une carte des vins. On s'entasse à 13 à notre table, on commande les premiers pichets de bière ou de cidre, et ça commence. Comme à la cabane traditionnelle, les serveurs apportent les plats au centre de la table, et on s'arrange pour que tout le monde en aie à son goût.

14 plats différents en 3 heures, le tout pour 54$ chacun (plus taxes, pourboire et boisson).

Les entrées

On commence en douceur avec des huîtres à la gelée d'eau de mer et de sirop d'érable.
Puis, les sushis frits au saumon (cru) débarquent, avec une petite sauce probablement sucrée au sirop (je ne saurais trop dire, je l'ai goûtée trop vite).

Ensuite, en même temps, arrivent sur la table un plateau contenant des tranches d'esturgeon fumé, des petites crêpes de sarrasin, de la crème sûre et des oignons (pour se concocter de dé-li-cieux petits canapés) ainsi qu'un bol de salade d'oreilles de criss (toutes légères et juste assez salées), cheddar, jambon et pacanes, avec une vinaigrette très pied-de-cochonesque, c'est-à-dire bien vinaigrée.

Et finalement, une soupière de soupe aux pois au foie gras. De temps en temps, entre les pois, des morceaux de foie gras nous explosent dans la bouche.

À ce stade-ci, je n'ai mangé qu'une unité de chacun des services (OUI OUI, même les huîtres et les sushis!), pas parce que ce n'était pas bon, bien au contraire - c'était à se rouler par terre, on aurait voulu que chaque bouchée dure toute la vie -, mais parce que je voulais me garder un peu d'espace pour goûter au reste... Car c'était pas fini!

Les plats principaux

Imaginez la meilleure tourtière que vous avez mangée de votre vie, et améliorez-la encore un peu : vous vous rapprochez un peu de la tourtière au porc (viande braisée et viande hachée) au ketchup maison qui nous est servie.

Elle est suivie d'une délirante omelette à la bisque de homard (dans laquelle on trouve des bons morceaux dudit crustacé) et aux pommes de terre fondantes.

Puis d'une épaule de porcelet braisée et glacée au sirop d'érable, tendre comme c'est pas permis.

Puis des poulets (entiers) à la bière, accompagnés de petites pommes de terre rissolées absolument délicieuses (on s'est battus pour les dernières) et de morceaux de foie gras (encore).

Le tout agrémenté de fèves au lard au fromage cottage, qui goûtaient étonnamment la poutine. Mais tsé, la bonne poutine.

Le temps de prendre une grande respiration et une gorgée de cidre (OUI OUI, j'ai bu un verre de cidre), et on était prêts pour la suite, à condition d'avoir eu l'intelligence de ne pas se garrocher dans l'un ou l'autre des plats (ce qui, convenons-en, était difficile).

Les desserts

Que serait la cabane à sucre sans tire sur la neige? Eh bien, au Pied de cochon, on vous apporte à la table des barquettes de neige, sur laquelle on a fait couler des flaques de tire flanquées d'un bâton.

Mais ce n'est qu'un classique qui met en appétit (!) pour les flamboyants desserts qui le suivent : nougat glacé et coulis de chocolat décoré de barbe à papa au sirop d'érable, crêpes frites dans le gras de canard et tarte tatin à la crème glacée à la vanille.

Même si on n'en peut plus, on ne peut certainement pas résister à ces oeuvres d'art culinaires, en particulier le nougat (quoique les crêpes frites... et la tarte... hummm!). Ça prenait un café pour faire descendre le tout.

Bref.

La réputation de la cabane n'est pas surfaite, et j'ai même préféré l'expérience à celles que j'avais vécues au resto du même nom. Si vous ne devez manger qu'à une seule cabane à sucre dans votre vie, arrangez-vous pour que ce soit celle-là. Mais soyez prêts à réserver dès septembre prochain pour la prochaine saison des sucres...

jeudi 3 mars 2011

I travel a lot


Je le répète à qui veut l'entendre depuis des lustres : le théâtre, ce n'est pas qu'une affaire de texte. C'est pourquoi, quand on s'est fait offrir une paire de billets pour The dragonfly of Chicoutimi, j'étais contente de pouvoir enfin voir cette pièce sur scène. Parce que bon, en 1995, an de gloire de la création, j'étais un peu jeune. Et depuis, j'ai eu l'occasion de lire le texte plus d'une fois, dans le cadre de plus d'un cours à l'université, et de l'intellectualiser en masse. J'en gardais l'impression d'un texte glauque, inconfortable, et surtout très chargé symboliquement et émotivement.

Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'une pièce-monologue écrite en anglais avec une syntaxe française et qui raconte essentiellement l'histoire d'un homme de Chicoutimi qui, après un mutisme de plusieurs années, fait un rêve en anglais et se réveille anglophone. La lecture politique (on se rappelle que la création a eu lieu en 1995) se superpose à une lecture psychanalytique et en fait un texte en pelure d'oignon, qu'on n'a jamais fini d'explorer. Le chef-d'oeuvre de Larry Tremblay, certainement, qui est particulièrement doué pour plonger ses lecteurs-spectateurs dans l'inconfort.

Je ne pensais pas avoir l'occasion de voir cette pièce sur scène un jour et, malgré moi, puisqu'il s'agit d'un monologue sans doute, j'avais l'impression que la lecture était suffisante. Et voilà que le théâtre PàP décide de la monter au FTA 2010 (où je l'ai ratée), puis de la reprendre à Espace Go cet hiver. Bingo!

Ma découverte : The dragonfly of Chicoutimi, c'est drôle. Vraiment drôle. Pendant les 30-40 premières minutes, du moins. L'accent québécois sous les mots anglais, les mensonges répétés de Gaston Talbot, ses expressions toutes faites, tout ça est vraiment drôle.

Et d'autant plus que, sur la scène de Go, il n'y avait pas 1, mais bien 5 Gaston Talbot. Le coup de génie de Claude Poissant : multiplier la figure du personnage pour créer un rythme terriblement efficace et rappeler le caractère pluriel du Québec contemporain, sans toutefois tomber dans une représentation multiculturelle convenue et déplacée.

L'inconfort, la charge symbolique du texte restent présents, mais, portés par des comédiens extrêmement précis et une mise en scène physique mais dépouillée, ils deviennent plus signifiants, plus durs et plus vivables à la fois. Le travail de Poissant témoigne d'un profond respect du texte, tout en faisant exactement ce qu'on attend d'une bonne relecture, c'est-à-dire en y ajoutant des couches de sens supplémentaires, mais qui paraissent avoir été là depuis toujours, simplement invisibles à nos yeux de lecteurs maladroits.

Il serait difficile d'en dire beaucoup plus sans vous révéler les secrets du spectacle, mais je tiens à vous répéter que, comme tout texte de théâtre, The dragonfly of Chicoutimi est décidément un texte à voir et non à lire. Je n'avais jamais aimé ni compris cette pièce autant qu'en sortant d'Espace Go jeudi soir.