mercredi 30 décembre 2009

Un (autre) top 10 pour 2010


Souper de Noël chez les Raymond.

Attablés devant les vol-au-vent aux pétoncles et au caviar de saumon (la crise, très peu pour nous), nous lançons quelques blagues douces-amères sur la "décennie de la peur" que nous venons de traverser, énumérant les divers échecs de la planète depuis le so-called bogue de l'an 2000. La soirée avançant, le désespoir nous prend, et nous en venons presque à espérer la fin du monde en 2012.

Mais soudain (est-ce l'alcool?), l'optimisme nous frappe : nous entreprenons, un peu naïvement, de dresser un top 10 des meilleures choses qui sont arrivées à l'humanité depuis le 1er janvier 2000.

Après 3 heures de délibérations, nous n'avons réussi à dresser, de peine et de misère, qu'un top 7. Je vous le propose, dans le désordre, en espérant que vous saurez le compléter...

1. Le Web 2.0
Tous les individus n'ont pas encore accès à Internet, mais il reste que le Web 2.0, c'est-à-dire la version interactive de la Toile (pensez blogues, Facebook, Wiki et autres Twitter), a révolutionné les façons de vivre et de communiquer de la majorité de l'humanité. Le monde n'est plus imaginable sans lui.

2. Obama
...et tout ce qu'il représente : l'évolution des mentalités, l'accession à l'égalité pour les Afro-Américains, name it. Même si on peut avoir toutes sortes de réserves à son endroit (et même s'il suscite des réactions pas très jolies chez ses détracteurs), il faut admettre que son élection a une charge symbolique puissante.

3. Les découvertes spatiales
L'eau sur la Lune et sur Mars, notamment. On peut objecter que les dépenses d'argent engendrées par la recherche spatiale sont incommensurables, mais il faut admettre qu'il est dans la nature de l'humain de vouloir découvrir ce qui est autour de lui. Après l'Amérique, l'espace! Et ces découvertes joueront peut-être un rôle plus grand qu'on ne l'imagine dans la survie de l'humanité...

4. La trithérapie
Même si l'accessibilité à cette méthode de traitement est terriblement inéquitable, il reste que son développement est un événement majeur dans la gestion du virus.

AJOUT : apparemment, la trithérapie a commencé à être utilisée avant 2000... Et une bonne chose de moins pour la décennie!

5. L'accroissement des droits des homosexuels
Encore une fois, c'est inégal à travers le monde, mais les couples de même sexe sont de plus en plus reconnus, peuvent adopter, etc. La lutte n'est pas terminée, mais l'avancement est manifeste.

6. L'évolution des mentalités sur le tabac
En particulier l'adoption de lois, un peu partout dans le monde, limitant son usage à l'extérieur des lieux publics. Certains diront qu'il s'agit d'une répression - mais la majorité des fumeurs autour de la table (et il y en avait beaucoup) s'entendait pour parler d'une amélioration.

7. L'avancée des programmes d'aide à la famille
Au Québec et en Europe surtout, les congés parentaux, les prestations diverses, les garderies subventionnées et les programmes de toutes sortes pour aider les citoyens à fonder une famille se sont particulièrement améliorés dans les 10 dernières années.


J'ajoute également, au bénéfice des lecteurs, les deux éléments qu'après réflexion, nous n'avons PAS ajoutés à notre top :

La décentralisation du pouvoir économique

La mondialisation (avec toutes ses dérives), la disparition quasi complète du communisme et l'accession de la Chine et de l'Inde au nouvel ordre économique mondial ont mené à une répartition un peu plus équitable du pouvoir économique sur la planète. Mais nous n'arrivions pas à déterminer de façon consensuelle qu'il s'agit d'une bonne chose, puisque cela signifie aussi que le capitalisme et la société de consommation ne font que s'étendre davantage...

L'éveil des consciences par rapport à l'environnement
Nous avons pensé mettre le bac vert dans la liste, mais nous avons été arrêtés par la pensée que, pendant que le bon citoyen composte, réutilise 10 fois ses ziploc et classe ses vidanges pour mettre son bac au chemin, il oublie de manifester pour que les gouvernements et les grosses compagnies fassent comme lui. De plus, nous avions tous Copenhague en travers de la gorge...


Voilà. Notre liste est certainement très occidentale, mais c'est ce sur quoi nous avons réussi à nous entendre pour nous réconcilier avec les années 00. J'attends vos ajouts et vos commentaires!

jeudi 3 décembre 2009

Brèves de fin d'automne


Quand il fait froid, vraiment froid, le vestibule de l'appartement se transforme en sas. Pour sortir, on ouvre la première porte, on la referme derrière nous, et on sent déjà le froid qui nous attrape, à travers la seconde porte, qui le laisse entrer par un gros jour sur le côté. Puis, on ouvre la porte qui mène à l'extérieur, et la bourrasque s'engouffre alors qu'on sort. Mais quand on entre, on oublie toujours de jouer au sas, alors on ouvre les deux portes en même temps, sans refermer la première d'abord. Et après, on se demande pourquoi l'électricité nous coûte si cher.

*

Sur ma rue, il y a une femme assez jeune, fin vingtaine-début trentaine, peut-être. Je ne sais pas où elle habite, un peu plus au sud je crois, mais je la croise souvent. Et chaque fois, elle a l'air d'être seule. Puis, tout à coup, on se rend compte que, un mètre derrière elle, il y a un petit garçon qui trottine, l'air boudeur. Avec les saisons qui avancent, il est toujours un peu plus emmitouflé. Je me demande s'ils se parlent, parfois.

*

Mes voisins du dessus ont commencé à donner des cours de salsa. Ils ont été très gentils, ils sont venus vérifier chez nous avant, on a fait des tests de son pour le volume de la musique et pour le bruit des pas de danse, avec ou sans souliers, tout ça. Ce matin, je les ai entendu danser, même s'ils étaient à l'autre bout de l'appartement. Et ça ne m'a pas dérangée : c'était un peu comme de l'été au-dessus de ma tête.

vendredi 27 novembre 2009

Question(s) ouverte(s)

Que pensez-vous de la littérature jeunesse?

Par jeunesse, j'entends surtout les romans jeunesses, pour enfants ou pour ados; pas tellement les albums à trois phrases par pages.

Vous, les littéraires, avez-vous des préjugés? Est-ce de la "vraie" littérature, au même titre que la littérature pour adultes? Où la situez-vous dans le champ littéraire?

Et les autres, les non littéraires, vous en pensez quoi? En avez-vous lu quand vous étiez jeunes? Avez-vous l'impression qu'écrire un roman jeunesse est plus facile? Plus difficile? Qu'il y a moins de contenu? Qu'est-ce que ça a comme valeur, à vos yeux?

Soyez honnêtes. Je répondrai la première.

vendredi 20 novembre 2009

Rose, derrière le rideau de la folie


Je serai plus brève aujourd'hui, ne vous en faites pas. Je veux simplement vous dire deux mots sur un livre superbe qui était lancé hier au Salon du livre.

La courte échelle a depuis quelque temps cette merveilleuse collection de poésie pour enfants et adolescents - une idée de génie, si vous voulez mon avis, car c'est probablement à ces âges qu'on est le plus sensible à la poésie. Et le dernier-né, Rose, derrière le rideau de la folie, d'Élise Turcotte et Daniel Sylvestre, est encore mieux qu'un recueil de poésie : il est illustré! Et pas illustré gnan-gnan, non. Illustré à la mesure de l'histoire qu'il raconte, celle de Rose à l'hôpital psychiatrique, tout en collages et en gribouillages apocalyptiques.

Si je connaissais un ado, je le lui offrirais. À la place, je me le suis acheté. Coup de coeur pour les listes (des choses que Rose déteste, qu'elle a envie de manger, qui font honte, qui sont douteuses, qui rendent fou...), pour le poème "Rose fait signer une pétition contre la nourriture de la cafétéria" et, dans l'ensemble, pour tout le travail d'illustration, de graphisme et de typographie. Et pour le joli titre aussi, qui, si on se fie au poème en exergue, est un hommage à Frida Khalo : "Je voudrais / pouvoir faire ce / qui me plaît derrière / le rideau de la folie."

À lire et à regarder.

samedi 7 novembre 2009

L'Amérique du Nord et la culture

En ce moment, ma façon de faire de la recherche ressemble beaucoup à de la navigation sur le web; vous savez, quand un clic en amène un autre et qu'à force d'aller de lien en lien, on finit par se retrouver sur un site qui était à mille lieues de ce qu'on cherchait au départ. En allant des notes de bas de page d'un article à celles d'un ouvrage, c'est comme sur Internet, on finit par tomber sur toutes sortes de drôles de choses.

Ma dernière trouvaille, à laquelle je suis arrivée par l'entremise de L'Écologie du réel, est un essai qu'on pourrait qualifier de philosophicosocial. L'Amérique du Nord et la culture, du Québécois Michel Morin, porte, bien sûr, sur l'Amérique du Nord et la culture, mais aussi, dans une perspective nord-américaine, sur la question nationale québécoise. Précisons qu'il a été publié en 1982 et que le sujet était particulièrement délicat à l'époque.

Le sujet n'est plus aussi chaud qu'alors et je ne suis pas la plus convaincue des souverainistes, mais je dois dire que l'avis de Morin sur l'indépendance m'a brassée.

Selon lui, "les intellectuels, pour autant qu'on puisse déceler chez eux une tendance dominante, au Québec, et peut-être aussi en Amérique du Nord, sont portés à surestimer l'importance et la signification des différences linguistiques" parce qu'ils présument que la langue est "l'expression nécessaire d'une tradition culturelle" et d'une "certaine vision du monde". Or, pour Morin, cette idée de la coïncidence d'une langue avec un contenu culturel défini, "caractéristique de la culture européenne", est fausse.

Énoncer une telle idée en 1982, alors que la question linguistique est au coeur des revendications nationales, c'est lancer un énorme pavé dans la mare. Surtout si on ajoute ensuite que "la différence linguistique des Canadiens français ne saurait [...] être considérée comme une survivance européenne en Amérique du Nord, et ne saurait en conséquence justifier le repli de cette différence à l'intérieur d'une représentation nationale à l'européenne." Pour Morin, il n'y a pas de contradiction entre le mode de vie nord-américain des Québécois et leur spécificité linguistique et, donc, "aucune urgence nationale". Il porte enfin le coup de grâce en affirmant "la faible qualité des oeuvres culturelles [que l'élite] s'emploie à produire malgré tout".

Bon, ouch. Ça choque évidemment de se faire dire tout cru que notre seul projet collectif est voué à l'échec parce qu'il s'appuie sur une prémisse fausse, et qu'en plus nos productions culturelles ne valent pas de la marde. On se pose des questions, on se demande si on n'essaie pas d'aller contre la nature nord-américaine, ou contre la mondialisation, the usual.

Puis on se rend compte que, finalement, la position de Morin est proche du plurilinguisme de Trudeau, sauf qu'il s'appuie sur Spinoza, alors ça a l'air plus impressionnant. Il suggère en effet que "la surestimation de la différence 'québécoise' procède d'une réflexion insuffisante sur la réalité nord-américaine", qui est celle du métissage linguistique et culturel. Ainsi, "la 'réussite' du Canada français n'aurait pas été de survivre en tant qu'identité ethnique homogène, mais au contraire, en raison d'une situation historique particulière, [...] d'être resté ouvert, disponible aux contacts avec l'autre (qu'il s'agisse de l'Indien, de l'Anglais, ou de l'Américain)". Enfin, il termine son essai en affirmant que le regroupement national ne peut être qu'une mauvaise idée puisque "l'avenir est du côté des individus, de l'individu instaurateur de sa propre loi, se donnant à lui-même son propre testament, forgeant sa propre langue" (ce qui est assez vrai, il faut dire).

En somme, la scission entre l'élite et le peuple vient de ce que l'élite n'a pas compris qu'on devrait vivre dans la diversité (donc elle s'acharne à réaliser un vieux modèle européen), alors que le peuple, lui, a tout saisi, puisqu'il vit dans la cohabitation paisible des individualités diversifiées.

C'est bien beau tout ça, mais il y a un truc qui m'échappe : les Québécois, ouverts sur l'autre? Depuis quand, exactement?

dimanche 1 novembre 2009

Le problème avec Facebook

Je ne sais pas pour vous, mais quand je lis un auteur (ou un style de texte) de façon soutenue, la narration interne de pensées se trouve toujours plus ou moins influencée par le ton dudit auteur ou dudit texte. Pour vous donner un exemple, si je lis Proust, je me mets à penser en phrases interminables et à conjuguer au passé simple et à l'imparfait du subjonctif, en plus d'avoir beaucoup de pensées digressives sur la beauté du paysage et la nature humaine. Si je lis des articles théoriques, je me mets plutôt à penser de façon concise et argumentative. Bon, évidemment, j'exagère, mais vous comprenez.

Le problème avec Facebook, c'est que je pense de plus en plus sous forme de statut Facebook. Vous savez, du genre "Maude est allée voter et compte sur vous pour faire pareil" (j'espère d'ailleurs que vous y êtes allés!). Je vis/vois/pense/fais quelque chose et, aussitôt, un statut Facebook se forme dans ma tête, plus ou moins involontairement. Le statut est devenu un un réflexe.

Contrairement au style proustien, ça a l'avantage de faire travailler mon esprit de synthèse, mais là n'est pas la question. Le fait est que Facebook a modifié non seulement le mode d'expression de nos pensées, mais la nature même de ces pensées (on n'a qu'à penser à ces soirées où l'on a l'impression que la personne qui photographie l'événement planifie en temps réel son album Facebook). Et tout ça porte sérieusement à réfléchir.

On peut penser que Facebook répond à un désir d'exhibitionnisme égocentrique : le besoin de se représenter et de vivre pour et par la représentation de soi est certainement typique de l'individualisme et de la culture de l'image contemporains.

Pourtant, dans L'individu incertain, Alain Ehrenberg suggère que cette obsession contemporaine du témoignage ne serait pas le fait d'une dissolution du social dans la plasticine individualiste, mais plutôt une tentative désespérée de maintenir le lien social dans une société désertée par le politique. On pourrait donc considérer Facebook comme le catalyseur d'un désir de communication et de cohésion sociale (parce que le statut et les albums suscitent des réponses, des commentaires, des interactions, on en abuse).

...


Quoi qu'il en soit, je vais quand même essayer de me passer de statut Facebook pour quelques jours, le temps de retrouver un mode de pensée un peu plus normal et, surtout, d'arrêter de parler de moi-même à la troisième personne.

lundi 19 octobre 2009

Le papier contre l'écran

Umberto Eco est un de mes penseurs préférés, parce qu'il sait faire image et expliquer des théories complexes dans des termes qui sont tout sauf pompeux et universitaires. J'aime sa façon inclusive de considérer la littérature, en particulier la littérature populaire. Bref, je l'aime parce que c'est un théoricien ouvert (comme l'oeuvre).

J'ai trouvé, sur cyberpresse, un extrait d'une entrevue qu'il a accordé à Télérama à propos du livre électronique. Je me suis évidemment précipitée pour le lire, et j'aimerais le partager avec vous :

“L’e-book, sur lequel le feuilletage est possible, a beau se présenter comme une nouveauté, il cherche à imiter le livre. Dans une certaine mesure seulement, puisque, sur un point au moins, il ne peut l’égaler : le livre de papier est autonome, alors que l’e-book est un outil dépendant, ne serait-ce que de l’électricité. Robinson Crusoé sur son île aurait eu de quoi lire pendant trente ans avec une bible de Gutenberg. Si elle avait été numérisée dans un e-book, il en aurait profité pendant les trois heures d’autonomie de sa batterie. Vous pouvez jeter un livre du cinquième étage, vous le retrouverez plus ou moins complet en bas. Si vous jetez un e-book, il sera à coup sûr détruit. Nous pouvons encore aujourd’hui lire des livres vieux de cinq cents ans. En revanche, nous n’avons aucune preuve scientifique que le livre électronique puisse durer au-delà de trois ou quatre ans. En tout cas, il est raisonnable de douter, compte tenu de la nature de ses matériaux, qu’il conserve la même intensité magnétique pendant cinq cents ans. Le livre, c’est une invention aussi indépassable que la roue, le marteau ou la cuiller.”

On peut opposer quelques contre-arguments aux siens (à propos de l'autonomie de la batterie, notamment) et répliquer, surtout, que le livre électronique permet de retrouver un passage mille fois plus rapidement que le livre traditionnel (fut-il pourvu d'un index), et peut en outre contenir plusieurs livres dans un espace restreint. En fait, le livre électronique est sans doute au livre papier ce qu'Internet est à la recherche en bibliothèque.

Mais ce que je comprends de son explication, au-delà de la comparaison et d'une certaine réticence par rapport à la technologie, c'est l'amour de l'objet livre et la crainte de le voir disparaître - deux choses que je partage avec lui. Ainsi, je m'interroge : si le livre électronique devenait aussi répandu, pratique et bien fait que, disons, le iPod, est-ce que je me débarrasserais de mes bibliothèques? Le temps gagné pour la recherche en littérature serait considérable, mais est-ce que l'impersonnel e-book pourrait vraiment faire disparaître les quelque mille bouquins qui me font sacrer à chacun de mes déménagements? Est-ce qu'il pourrait remplacer le plaisir de tomber sur une belle édition d'un livre qu'on aime?

On pourrait faire le parallèle avec le mp3, mais il faudrait y opposer les vinyles, qui comportent une charge émotive plus forte que les CD ou les cassettes, et qui sont donc plus comparables aux livres. Les vrais amoureux de la musique que je connais, ceux qui l'aime comme j'aime la littérature, ont des mp3, bien sûr, mais aussi beaucoup de vinyles.

Alors? D'après vous?

samedi 17 octobre 2009

Paradoxe

"Écrire, comme immigrer, [...] c'est rejeter la famille et l'héritage." (Jacques Godbout)

Mais qu'est-ce qu'on fait quand écrire, c'est la famille et l'héritage?

Professionnel!


Je viens de découvrir que le professionnel personnage de Mario Lemieux, rendu célèbre par feu Macadam Tribus, existe toujours sur les ondes de la Première Chaîne : il a tout simplement déménagé chez Philippe Laguë (un ex de Macadam), qui anime la très sublime À la semaine prochaine!

C'est une festivité de réjouissance d'entendre à nouveau ce millionnaire de vestiaire. Tout ce qui manque, c'est le fameux "Professionnel, Jacques!"...

samedi 10 octobre 2009

De livres et d'industrie

Entendons-nous : j'aime bien Dompierre, et je lis avec plaisir les blogues de Caroline Allard (a.k.a. Mère Indigne) et de Pierre-Léon Lalonde (Un taxi la nuit). Mais je suis quelque peu ambivalente quant au nouveau projet de La Presse qui consiste à leur faire écrire à tous les trois (et à Dominique Fortier) une nouvelle inspirée d'un fait divers, puis à publier lesdites nouvelles.

Ambivalente, parce bon, si on voit la chose sous l'angle de l'industrie culturelle (je dé-tes-te cette expression), c'est peut-être pas mauvais. Après tout, ça consiste à diffuser des textes de fiction auprès du lectorat d'un journal, et ce n'est pas impossible que certains lecteurs aient ensuite envie d'acheter des livres.

Mais ambivalente aussi parce que, si on voit la chose sous l'angle de l'industrie culturelle, ce n'est après tout qu'un méchant coup de marketing. Ils n'ont pas invité Catherine Mavrikakis, Nicolas Dickner, Monique LaRue ou Dany Laferrière, et encore moins Jean-Marc Desgens, Hélène Dorion ou Jean-Paul Daoust. Non : ils ont choisi des auteurs à succès qui, s'ils font une littérature plaisante, ne passeront pas à l'histoire pour avoir apporté de l'eau au moulin de la recherche formelle. Ils ont choisi des gens populaires, qui font vendre des livres et, évidemment, des exemplaires du journal. Et dont, de toute façon, on entend constamment parler un peu partout (dans la mesure où c'est possible en littérature), au point de ne plus rien vouloir en savoir.

Vous l'aurez compris, d'une façon ou d'une autre, on parle ici d'industrie culturelle. Pas de littérature. C'est un peu comme le Salon du livre, vous voyez - on parle de livres (de cuisine, de photos, de scientologie), pas de Salon de la littérature. Et c'est ce qui me dérange. En soi, les nouvelles inspirées d'un fait divers, c'est pas une mauvaise idée; mais pourquoi est-ce qu'on n'invite que les auteurs dont on parle déjà? Pourquoi est-ce que, encore une fois, on ne prête qu'aux riches?

Et bon, en plus, la présentation du concept sur cyberpresse commence par un sujet amené que j'aurais refusé aux étudiants de mes ateliers de rédaction : "Depuis toujours, les écrivains s'inspirent des faits divers pour créer leurs fictions."

Come on. Êtes-vous des journalistes, ou bien vous êtes des élèves de secondaire 5?

dimanche 27 septembre 2009

Wajdi Mouawad et Bill Gates, même combat

Je viens de découvrir avec stupeur qu'en 1984, aux HEC, quelqu'un a écrit une thèse de doctorat dont le titre merveilleusement poétique (dois-je souligner l'ironie?) était le suivant : Le (la) metteur(e) en scène de théâtre : un(e) gestionnaire.

Je ne sais pas si je dois me réjouir qu'on parle de théâtre aux HEC ou me désoler qu'on en parle du point de vue de la gestion.

Et je ne sais pas si je dois me réjouir que l'auteur ait pensé aux femmes metteures en scène ou si je dois me désoler qu'il ait mis toutes les féminisations entre parenthèses dans son titre de thèse.

Arriver quelque part


Quand j'avais 14-15 ans, j'étais ben énervée quand je regardais le site web de l'association nationale des éditeurs de livre. J'avais pas écrit de livre, mais le fait d'être édité (en soi) m'apparaissait comme quelque chose d'absolument extraordinaire. Aujourd'hui, 10 ans plus tard, j'ai enfin écrit un livre, et pourtant je ne bave plus devant la page de l'ANEL. Même qu'elle me stresse un peu et que j'évite de la regarder.

Parce que ça y est, jouez hautbois, résonnez musettes : la version 3.0 de Partir de rien est terminée. (Oui, je numérote mes versions comme des logiciels, il y a eu la version 2.2.1, aussi, et la 2.4, et la 1.5...)

C'est la version définitive, ou plutôt celle que je fais commenter, dans un effort ultime d'amélioration, à ce poète slash prof de littérature qui se trouve à être mon parrain. En principe, dans quelques semaines, après quelques corrections qui en feront la version 3.1, je shippe tout ça à un (des) éditeurs. Reste à choisir lesquels.

En attendant, je tiens à remercier Iron & Wine, Belle & Sebastian, Leonard Cohen, Fionn Regan et Simon & Garfunkel pour leur support pendant l'interminable correction de mes 60 367 mots. J'avais fait beaucoup de fautes. (Et je suis sûre qu'il en reste.)




(Et, pour ceux qui voudraient comprendre mon choix d'image... Vous aurez juste à lire le livre!)

vendredi 25 septembre 2009

Révision a posteriori


Ceux d'entre vous qui utilisent le flux RSS de ce gentil petit blogue constateront que certains de mes messages s'actualisent. Soyez sans crainte : je ne fais que corriger mes fautes de fille qui tape trop vite et qui ne se relit pas. Que voulez-vous, je suis un cordonnier mal chaussé.

mercredi 23 septembre 2009

You know you're a grad student when...

Faut que je vous dise, pour faire suite à ce message un peu désabusé.

J'adoooore la maîtrise, mille fois plus que le bacc. Et j'adore ma directrice, et mon codirecteur, et mon prof de métho, et même mon cours de métho, et mon séminaire à l'UdeM, et mes millions de lectures sur le théâtre en général et sur Danis en particulier, et l'organisation du colloque, et la présentation de mon sujet au CRILCQ, et mon codirecteur qui me fait des gros yeux parce que j'ai changé mon corpus juste avant la présentation puis qui finit par trouver que c'était une bonne idée, et le fait qu'on est juste 12 dans les cours, et avoir des idées de sujet de doctorat alors que je voulais même pas faire ça, un doctorat, et tout ça.

Et surtout, j'adore les blagues de grad students :


Des tonnes de strips du genre, juste ici.

mercredi 16 septembre 2009

Quiz


Ok ok. Un p'tit quiz pour voir si vous connaissez vos expressions québécoise! Je promets une surprise à celui ou celle qui a tout bon. Pas le droit de tricher!


D'après vous, que veut dire :

"se coucher comme Castagne"?
a) se coucher en cuillère
b) se coucher tout habillé
c) ronfler

"avaler le bouchon"?
a) s'étouffer
b) accepter quelque chose de désagréable
c) vivre au-dessus de ses moyens

"avoir la face comme un oeuf de dinde"?
a) avoir des taches de rousseur
b) avoir la tête ronde
c) avoir l'air très étonné

"garder le pôle"?
a) savoir où on s'en va
b) être le seul à parler dans une discussion
c) être obstiné


Et la question boni, sans choix de réponse!

Que veut dire le mot "souleur" dans l'expression "avoir souleur de quelque chose"?


Bonne chance!

mardi 15 septembre 2009

Avant-goût

Je viens d'acheter un dictionnaire des expressions québécoises. On va avoir un fun noir, je le sens...

lundi 14 septembre 2009

Littérature de poussin


Bon. Qu'on se le dise : la fille qui lit de la chick lit (de chick literature, à peu près "littérature de poulettes"), ce qu'elle veut, c'est sensiblement la même chose que la mère de famille qui lit un Harlequin : une histoire d'amour excitante, pleine de rebondissements et de suspense, mais tout au long de laquelle elle SAURA que l'héroïne finira avec le héros. Et elle veut aussi que, même si elle le sait, elle puisse espérer tout le long que ça arrive, pour que sa satisfaction quand ça finira par arriver soit immense. J'irais jusqu'à dire : cathartique. Parce que la lectrice de chick lit, elle veut vivre, par procuration, tous les frissons de l'histoire d'amour enlevante en restant sagement avec son chum ou son mari, ou alors avec son chat, en espérant vivre la même chose un jour, mais pour vrai. Et en lisant ladite histoire d'amour, elle purge ses passions. Si si, comme au théâtre, mais en moins subtil.

Bon, je dis ça, dans le fond j'ai juste lu deux romans de chick lit dans ma vie. Le premier, c'était pour un travail sur le postféminisme dans un cours sur la littérature des femmes au Québec (et c'était Soutien-gorge rose et veston noir de Rafaële Germain, en l'occurrence). L'autre, c'était absolument pour rien, parce que c'était l'été et que j'avais envie de quelque chose de pas intellectuel, et bon, évidemment, parce que j'avais envie d'une histoire d'amour enlevante. J'ai donc emprunté l'autre livre de Rafaële Germain à une amie. Le premier, s'il était terriblement médiocre sur le plan du style, avait eu le mérite de me donner envie, tout au long de ma lecture, que telle fille finisse avec tel gars. J'espérais à peu près la même chose du deuxième, pas plus.

Déception. Ce deuxième livre ne respecte absolument pas les règles du genre (voir plus haut). Non seulement l'héroïne ne finit pas avec le gars avec qui on voudrait qu'elle finisse, mais on a l'impression qu'elle fait la morale à sa lectrice en lui disant de vieillir, d'être plus sage, d'avoir moins peur, d'avoir moins d'espoirs fous, et d'accepter d'aimer le gars gentil, doux, bon pour elle. Bref, d'être une ADULTE. Bordel. La lectrice de chick lit ne veut surtout pas que l'héroïne devienne une adulte, et encore moins qu'on lui demande de faire pareil. Justement : elle veut que l'héroïne soit jeune et folle, pour pouvoir se vautrer dans la nostalgie de cette époque où elle l'était, elle aussi, ou encore pour s'identifier à elle. Mais là, dans Gin tonic et concombres, zéro identification. Complètement raté.

Ce que je trouve le plus triste, dans tout ça, c'est que si on enlève l'étiquette un peu culpabilisante mais rassurante de chick lit à ce livre, qu'est-ce qui reste? Rien, sinon le constat désolant que l'auteure de ce livre n'est pas une bonne écrivaine. L'histoire est entortillée, c'est mal écrit, et c'est même pas satisfaisant.

Mais alors, dites-moi : pourquoi est-ce qu'autant de filles le lisent malgré tout?

vendredi 11 septembre 2009

Home sweet home

Mardi 8 septembre, Université de Montréal.

Je me dirige avec un peu d'appréhension vers mon premier séminaire de maîtrise. C'est beaucoup de nouveauté d'un coup : nouvelle université, nouveau style de cours, nouveaux étudiants, nouveau prof... Ça me donne des petits papillons dans l'estomac.

Et malgré toutes ces nouveautés, tout à coup, j'ai envie de crier "home sweet home". Pourquoi? Parce que ledit prof, dans un très sérieux séminaire de maîtrise en littérature, à la très sérieuse Université de Montréal, a dit : "Le théâtre, au fond, c'est pas vraiment de la littérature..."

ENFIN!

Ça n'a l'air de rien comme ça, mais un chercheur rattaché à un département de littérature qui parle de représentation, de théâtralité et d'écriture scénique, qui montre des captations parce que Pol Pelletier, faut la voir jouer, qui parle du jeu de Marc Labrèche dans Les aiguilles et l'opium de Robert Lepage, bref qui envisage le théâtre comme un art vivant, éphémère et dont l'aspect littéraire n'est qu'un infime partie, c'est complètement inespéré et, d'après mon expérience, terriblement rare.

Voyez-vous, les études littéraires ont tendance à vouloir s'approprier le théâtre sous prétexte que le texte dramatique en est le seul élément durable (les captations, ça compte pas, c'est le plus souvent nul à chier). Bien sûr, les chercheurs qui s'intéressent au théâtre tiennent minimalement compte du contexte scénique, mais ils ont trop souvent une vision figée dans l'époque classique, celle où l'auteur de théâtre et, surtout, son texte étaient effectivement au centre de la représentation et où le metteur en scène tel qu'on le connaît aujourd'hui n'existait pas.

Le hic, c'est que non seulement cette vision restreint considérablement le champ d'études, mais elle empêche même tout compréhension réelle du théâtre contemporain, dans lequel le texte est souvent intimement lié à une écriture scénique et donc à la représentation elle-même. Dire que le théâtre est un genre littéraire, c'est nier l'essence même de cet art, et c'est nier son histoire.

Pensez-y : personne ne viendra affirmer sérieusement que la commedia dell'arte, les Passions du Moyen-Âge et le théâtre de boulevard, mais aussi les spectacles de Robert Lepage sont des genres littéraires.

Vous pouvez donc imaginer à quel point ça m'a fait du bien d'entendre ça et, du même coup, à quel point ça m'a réconciliée avec la rentrée...

(et désolée, pas d'image aujourd'hui : j'ai pas envie de vous mettre des maudits masques quétaines!)

samedi 5 septembre 2009

Étirer l'été


On m'a reprochée de me faire rare ici. Mea culpa. Je vous trompe avec mon roman. Mais là, un peu tannée de reconjuguer des verbes, je viens faire un tour, histoire d'investir un peu dans notre relation.

Il faut que je vous avoue un truc. (Eh oui, encore! C'est là-dessus qu'on bâtit une relation : l'honnêteté et le partage.) Dans 3 jours, je commence ma maîtrise, cette maîtrise que j'ai hâte d'entamer depuis 2 ans et pour laquelle j'ai même fait un deuxième bacc, et pour la première fois depuis que je me suis assise sur un banc d'école, je n'ai pas hâte à la rentrée.

Traitez-moi de nerd si vous voulez, mais j'ai TOUJOURS eu hâte à la rentrée, pour diverses raisons. Depuis quelques années, j'ai peut-être été moins impatiente de la voir arriver, mais j'ai toujours eu cette envie de m'y remettre, en septembre. Les circulaires pleines de fournitures scolaires m'ont toujours donné envie de courir chez Bureau en gros.

Mais cette année, maintenant que j'y suis enfin, à cette rentrée tant attendue, ça me tente pas.

Ce n'est pas par manque d'intérêt, pourtant : mon sujet m'allume encore, même si je l'ai choisi depuis plus d'un an. Malgré ça, je donnerais beaucoup pour avoir encore tout un été devant moi, pour passer mes journées à marcher tranquillement jusqu'au marché Jean-Talon, à lire au parc Jarry, à boire des cafés glacés, à prendre des bières avec les copains, à me coucher trop tard, à dormir dans mon hamac, à bruncher n'importe quand dans la semaine, à porter des robes, à avoir chaud.

Avez-vous des trucs pour étirer l'été? Ou, plus utile peut-être, pour me donner le goût de me relancer dans la course folle des sessions universitaires?

dimanche 23 août 2009

Virage à droite

Je suis inquiète pour certains individus de ma génération qui, visiblement, n'ont jamais pris connaissance de cette charmante citation (dont j'ai oublié l'auteur) :

Celui qui n'est pas communiste à 20 ans n'a pas de coeur; celui qui l'est encore à 40 ans n'a pas de tête.

Les jeunes adéquistes, apparemment, n'ont pas de coeur. Non seulement ils appuient les idées de droite de leur parti, mais ils proposent des mesures complètement radicales, dont voici une petite liste non exhaustive :
- abolir les cégeps;
- éliminer la loi anti-briseurs de grève;
- hausser les frais de scolarité;
- abolir la formule Rand (qui permet aux syndicat d'obtenir des cotisations syndicales - qui serviront justement de fond de grève)
- privatiser la SAQ
- etc.

Évidemment, toutes ces mesures n'ont pas été acceptées par l'ensemble des jeunes adéquistes, rassemblés en congrès à Lévis cette fin de semaine; mais le simple fait que quelques-uns d'entre eux en aient fait la proposition à l'assemblée me sidère. D'autant plus que certaines, notamment celles qui concernent la SAQ, la formule Rand et les frais de scolarité, ont été adoptées à l'unanimité.

Vous avez bien lu. À l'unanimité.

Corrigez-moi si je me trompe, amis uqamiens, mais l'AFESH elle-même, asso très à gauche des sciences humaines, ne vote pas pour la gratuité scolaire à l'unanimité.

La droite est elle la nouvelle gauche des gens de notre âge?

samedi 15 août 2009

So long, Montréal

Ne me cherchez pas pendant la prochaine semaine, parce que je serai là :


Je me ferai bronzer en pensant à vous, entre un tour de kayak, un feu de camp et une partie de Jok-R-Ummy.

vendredi 14 août 2009

Remettre les auteurs à leur place

Stéphane Dompierre ne fait que ça sur son blogue de parrain (ou que sais-je) du concours Nouvel Auteur d'Archambault.

Ce genre de concours-là me dégoûte un peu par ce que ça a de Star Académie de la littérature, et bien que Dompierre ne me soit jamais apparu comme appartenant à la "sphère de production restreinte" de Bourdieu (autrement dit, à la littérature pas particulièrement populaire), c'est une joie de le voir remettre à leur place les auteurs en puissance. Surtout quand on en une soi-même.

Mon coup de coeur : son billet "Sors la langue", qui dit en gros que, pour écrire, il faut maîtriser sa langue. Ça ne va pas autant de soi qu'il n'y paraît : les étudiants en littérature, qui ont la langue comme objet d'études, ont souvent du mal à comprendre ce principe. Et que dire des auteurs de manuel scolaire! Ce billet-là est très certainement venu chercher la réviseure en moi...

Ça se passe ici, et je vous offre du même coup un texte de Bukowski qu'il a inséré dans un de ses billets, pour vous donner le ton :

SO YOU WANT TO BE A WRITER

if it doesn't come bursting out of you in spite of everything, don't do it. unless it comes unasked out of your heart and your mind and your mouth and your gut, don't do it. if you have to sit for hours staring at your computer screen or hunched over your typewriter searching for words, don't do it. if you're doing it for money or fame, don't do it. if you're doing it because you want women in your bed, don't do it. if you have to sit there and rewrite it again and again, don't do it. if it's hard work just thinking about doing it, don't do it. if you're trying to write like somebody else, forget about it.

if you have to wait for it to roar out of you, then wait patiently. if it never does roar out of you, do something else.

if you first have to read it to your wife or your girlfriend or your boyfriend or your parents or to anybody at all, you're not ready.

don't be like so many writers, don't be like so many thousands of people who call themselves writers, don't be dull and boring and pretentious, don't be consumed with self-love. the libraries of the world have yawned themselves to sleep over your kind. don't add to that. don't do it. unless it comes out of your soul like a rocket, unless being still would drive you to madness or suicide or murder, don't do it. unless the sun inside you is burning your gut, don't do it.

when it is truly time, and if you have been chosen, it will do it by itself and it will keep on doing it until you die or it dies in you.

there is no other way.

and there never was.

jeudi 13 août 2009

Il fait si beau


C'est tout ce que j'ai à dire.

mercredi 12 août 2009

Zombie : le documentaire


J'ai la chance d'être entourée de gens qui font des choses formidables (et c'est pourquoi je fais souvent des plogues ici).

Lundi, aux Bobards, c'était la projection du film Zombie : le documentaire, un docu-fiction qui raconte, sous forme d'entrevue, l'histoire de Marc-Antoine, un sympathique zombie qui tente de vivre une vie normale malgré ses différences... et ses petites fringales de chair humaine.

Le film avait déjà reçu un très bon accueil au festival Fantasia, le 25 juillet, mais je travaillais ce jour-là, je l'avais raté. Lundi soir, c'était donc une première. Dans les Bobards complètement bondés, les vingt-quelque minutes du film ont passé d'un coup.

Le scénario est de Mathieu Handfield, les images sont de Maurice Vadeboncoeur, et ces deux-là co-réalisent. Le résultat est un peu comme des chips : t'en mange une bouchée, tu veux tout de suite finir le sac. C'est drôle, c'est touchant, c'est bien fait.

Les Productions Lombric, la gang du film, ont quelques autres projets en chantier et sont sérieusement à surveiller. Vous pouvez aller les visiter ici. Pour vous mettre l'eau à la bouche, les bandes-annonces du film s'y trouvent...

mardi 28 juillet 2009

Les mots des autres


En ce moment, je suis envahie par les mots des autres.

Ceux de Virginia Woolf qui, dans Une chambre à soi, essaie de comprendre les liens entre la condition des femmes et les romans qu'elles ont écrit - ou, surtout, ceux qu'elles n'ont pas écrit. L'essentiel de sa thèse, vous le savez peut-être, est que, pour écrire, une femme doit disposer d'une pièce à elle, de suffisamment d'argent pour vivre et de temps devant elle. Des exigences incompatibles avec la vie des femmes d'avant la révolution sexuelle. Et pourtant, il y a eu Jane Austen, les soeurs Brontë, George Sand, Laure Conan, Simone de Beauvoir... Des cas à part? Ou alors, des femmes qui ont choisi de sacrifier leur féminité?

Elle dit aussi ceci, que j'ai envie de vous faire lire :

" Le monde ne demande pas aux gens d'écrire des poèmes, des roman ou des histoires; il n'a aucun besoin de ces choses. Peu lui importe que Flaubert trouve le mot juste ou que Carlyle vérifie scrupuleusement tel ou tel événement. Et bien entendu, il ne paye point ce dont il a cure."

Les mots de Jane Austen, aussi, parce que Virginia Woolf m'a donné envie d'ouvrir pour la première fois Orgueil et préjugés. Si j'ai généralement très peu d'intérêt pour les reconstitutions historiques, les romans ou les films de notre époque qui jouent à représenter le passé, j'aime les romans qui sont ancrés dans une autre époque, mais qui est la leur. C'est pour ça que j'aime tant Simone de Beauvoir et Emily Brontë, et c'est ce qui me fait aimer Jane Austen. Ça, et l'ironie subtile qui glisse entre les lignes.

Selon Virginia Woolf, Jane Austen a dû écrire toute son oeuvre sur un coin de table, dans un salon commun, en étant constamment dérangée par les membres de sa famille et par des visiteurs, et en devant cacher à tout le monde qu'elle écrivait.

Et moi, dans mon bureau juste à moi, avec assez d'argent pour ne pas m'en faire, je ne suis pas foutue de finir un roman qui n'arrive certainement pas à la cheville d'Orgueil et préjugés. De quoi confondre Woolf.

Je vous laisse sur d'autres mots, ceux de la blondissime chroniqueuse, qui sont tout à fait dans le goût de mes lectures du moment : "l'écriture est un jardin anglais", dit-elle.

C'est ici.

samedi 18 juillet 2009

J'entends déjà les commentaires

Non non, je n'ai rien fait de gênant, j'avais juste envie de citer Reggiani pour vous signaler que j'ai réglé un problème à propos des commentaires.

Deux gentilles lectrices tout à fait littéraires m'ont dit l'autre soir qu'elles ne pouvaient pas laisser de commentaires ici. Comme je ne veux surtout pas les priver (et me priver) de cet immense plaisir, j'ai vérifié dans les paramètres, et j'ai constaté que la mauvaise case était cochée en réponse à la question "Qui peut laisser un commentaire?".

C'était écrit "Seulement les utilisateurs inscrits". Là, j'ai mis "Tout le monde".

Faites-moi plaisir, faites donc un test, pour voir. Et écoutez Reggiani, ça va vous consoler de la température de crap.

lundi 13 juillet 2009

Partir de rien


Ces temps-ci, quand je ne révise pas (et dieu sait que je révise pas mal), j'écris. Beaucoup, mais pas ici. J'écris une histoire qui se raconte dans ma tête depuis plusieurs années et qui tire enfin à sa fin. Parce que je commence à avoir envie de la partager, je me dépêche de la terminer, mais je ne peux pas m'empêcher de m'attarder ici et là à fignoler ceci, à réécrire cela, à changer telle scène de place... Et le travail avance lentement. Sûrement, mais lentement.

Pour me forcer à terminer pour la date magique de mon anniversaire (09/09/09), j'ai décidé de vous en glisser un mot, au plus de gens possible, parce que je ne travaille vraiment vite et bien que sous pression.

Je n'ai pas l'habitude de parler de ces choses-là. Pendant beaucoup d'années, j'ai écrit toute seule dans mon coin, faisant de ça une affaire très privée, presque secrète, faisant lire rarement à deux ou trois personnes et attendant d'être un jour assez satisfaite pour sortir de ma cachette et dire aux autres "hé, regardez, j'ai écrit une histoire". Ce moment-là est un peu arrivé, déjà, avec le Livre noir. Et j'espère que, dans le cas de ce document Word qui voisine le 40 000 mots, il approche.

Je vous tiens au courant.

lundi 6 juillet 2009

Kooovyyyyy...!

J'y crois pas. Je pars une semaine et Gainey en profite pour foutre le bordel. Saleté de jeu.

vendredi 26 juin 2009

De D.F. à N.Y.

Il y a un an, j'étais :


Dans quelques jours, je serai :


J'aime les villes d'Amérique.

samedi 20 juin 2009

Animateur en programmation de soirée nationale


Ça y est. C'est la fin de Macadam Tribus, après douze ans d'antenne.

J'ai découvert cette émission vers la fin de mon secondaire, alors que je n'étais pas encore l'auditrice assidue de la Première Chaîne que je suis aujourd'hui, grâce à des amis plus cultivés que moi. Je n'y suis pas toujours restée fidèle, mais j'y suis toujours revenue, périodiquement - il faut dire que, avec la plus récente case horaire, c'était devenu plutôt impraticable. Et ne me parlez pas de la baladodiffusion, j'ai essayé, mais je suis incapable d'écouter une émission de radio "en retard" comme on écouterait un épisode de série enregistré à la télé.

N'empêche, même de loin, ça me rassurait de savoir qu'il y avait, à la radio d'état, une émission comme Macadam Tribus, qui était capable d'atteindre un niveau de connerie qui n'avait d'égal que l'intelligence des animateurs et des chroniqueurs. Et une émission qui faisait jouer tout ce dont Fréquence libre, et encore moins Espace musique, n'osaient même pas parler.

Il y avait ce jeu constant, aussi, entre le vrai et le faux, cette zone grise dont Jacques Bertrand a parlé tout à l'heure chez Le Bigot, dans laquelle l'auditeur est toujours plongé, et qui me plaisait tellement. À Radio-Canada, ne pas savoir si ce qu'on nous dit est sérieux ou si on se fout de notre gueule est une chose rare. Qui exerce l'esprit critique et le sens de l'ironie.

Et c'est peut-être pour ça que c'est là qu'on coupe, aussi.

Je vous laisse sur un extrait, ici.

samedi 13 juin 2009

Entendu à la radio


"Film routard" pour road movie.

C'est la première fois que je trouve la traduction d'une expression consacrée anglophone satisfaisante. En tout cas, c'est nettement mieux que "film pur bonheur" pour feel-good movie et "aliment réconfortant" pour comfort food.


(Question quiz pour Catherine et Julien : sauriez-vous reconnaître cette route?)

mercredi 10 juin 2009

Franzine

Ça se veut un genre d'équivalent francophone de l'Expozine, et Ta Mère y sera.

C'est ce samedi (le 13 juin), entre 11h et 18h, au Cœur des sciences de l'UQAM (175, Président-Kennedy). Maudit beau spot, soit dit en passant.

Je n'aurai pas l'occasion d'y passer, mais si vous y faites un tour, donnez-moi des nouvelles. Je suis assez curieuse de voir ce que ça peut donner...

Évidemment, c'est la première année, ça ne sera sûrement pas aussi fréquenté que l'Expozine, d'autant plus que c'est unilingue et que le public anglophone est très présent dans la sphère indépendante. Mais au fond, ça donnera peut-être l'occasion aux visiteurs de flâner un peu plus tranquillement d'un kiosque à l'autre.

Par contre, je me pose une grave question : est-ce qu'il y aura du chili super piquant?

mercredi 3 juin 2009

Plaisir démodé

Il faut que je vous avoue un truc. Un aveu qui va me faire paraître un peu old school, un peu dépassée, un peu classique, un peu rétrograde, même. Mais qu'importe. Vraiment, je ne peux plus garder ça pour moi. Allez, je vous le confesse : j'adore les alexandrins.

Attention : pas en poésie, où ils ont souvent un petit quelque chose d'obsolète et de froid; mais au théâtre. Les alexandrins au théâtre, ah! C'est quelque chose.

Je sais, je sais, le théâtre en vers, c'est tellement dépassé. Mais honnêtement, comment peut-on résister à une tirade de Racine ou de Molière quand on prend soin de prononcer en lisant toutes les syllabes qui composent chaque vers? Et les rimes, ah! les rimes... Dans un dialogue, c'est tellement incongru, c'en est charmant!

Tenez, je vous fais un petit florilège improvisé tiré d'oeuvres de ces deux messieurs, faites-vous plaisir et lisez-les à voix haute :


Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus?
(Racine, Bérénice, acte IV, scène 5)


OENONE. Il a pour tout le sexe une haine fatale
PHÈDRE. Je ne me verrai point préférer de rivale.
Enfin tous tes conseils ne sont plus de saison.
Sers ma fureur, Oenone, et non point ma raison.
(Racine, Phèdre, acte III, scène 1)


Sur quelque préférence une estime se fonde
Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde.
(Molière, Le Misanthrope, Acte I, scène 1)


Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme ;
Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas,
Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas.
Je sais qu'un tel discours de moi paraît étrange ;
Mais, Madame, après tout, je ne suis pas un ange.
(Molière, Le Tartuffe, acte III, scène 3)


Entendez-vous la musique? Et ces formulations qui font des pirouettes pour respecter la contrainte? Et ces contenus anecdotiques transformés en délices par la rime et le rythme? Je ne me lasse pas. Je pourrais relire tout Molière sans m'embêter juste pour le plaisir de lire des (bons) alexandrins. Que voulez-vous, c'est mon petit côté anachronique...

dimanche 31 mai 2009

Il faut (encore) qu'on parle de Loui Mauffette


Je vous l'ai déjà dit : la poésie, c'est pas mon genre littéraire préféré. À part pour quelques exceptions (Gaston Miron, Jacques Brault, Jean-Paul Daoust, Réjean Thomas et une poignée d'autres), je suis extrêmement difficile.

Mais ce gars-là, Loui Mauffette, a accompli ce qui, à mon avis, tient de l'exploit : il a fini par me réconcilier avec la poésie. Déjà, avec Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, il m'avait pas mal jetée à terre, et je vous en avais jasé. Mais là, avec Dans les charbons, il a remis ça, et j'en suis sortie tout aussi heureuse, sinon plus - d'autant que, cette fois, j'étais dans le public, et non en train de travailler.

Ce que ses spectacles ont de miraculeux, c'est qu'il prend plein de textes qu'il aime, et il les colle ensemble en les faisant lire par des acteurs, en citant toujours le nom de l'auteur à la fin, et en rendant ça festif et musical. La mise en scène lie tout ça sans créer d'inutile fil conducteur, et on passe de Nataaq, la chanson de Richard Desjardins (chantée magnifiquement par Kathleen Fortin), à un extrait des Bons débarras, scénario de film de Ducharme, puis à un extrait d'un roman de Duras, puis à un poème de Réjean Thomas, et ainsi de suite, sans plus de cérémonie.

Et l'effet est magique : j'aime la poésie, dans les spectacles de Loui Mauffette. Il revient en septembre, avec Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, à la Cinquième salle de Place des arts... et j'ai bien l'intention d'y aller, encore.

Lancement de Vers l'est


Ta Mère te lance son sixième rejeton demain soir, lundi 1er juin, au merveilleux Vices & Versa. Viens l'attraper et boire un coup avec la famille! On vous attend à bras ouverts, toi et tes 12 dollars!

samedi 30 mai 2009

Aurore

(William m'a refilé la tag-cicatrice démarrée par Bock, et je l'envoie à mon tour à Marie-Pier et à Caroline...)

*


Dans le petit carnet d'identification qu'on avait reçu à l'école, quand j'étais en 1ere ou en 2e année, et qui servait à tranquilliser l'esprit des parents en leur fournissant d'avance les informations à écrire sur l'avis de recherche de leur enfant si d'aventure celui-ci se faisait enlever, ma mère avait écrit, à côté de "signe distinctif" : "Cicatrice au poignet droit".

C'est pas mal pratique d'avoir un signe distinctif parce que, quand t'es une petite fille aux cheveux bruns et aux yeux bruns, t'es pas facile à identifier pour l'agent de sécurité du centre d'achats qui te cherche parce que t'as perdu ta mère. Pas autant qu'une petite grosse rousse et frisée, mettons.

N'empêche, ma mère, elle s'en voulait (et elle s'en veut encore), parce que, disons-le, si j'ai cette cicatrice-là, c'est un peu de sa faute.

J'avais à peu près deux ans, peut-être trois, et ma mère nous faisait du spaghetti pour dîner. J'avais faim, il paraît, et j'avais hâte de manger mon spaghetti. Mais une fois que les assiettes ont été servies, le téléphone a sonné. Dans ce temps-là, les téléphones avaient un fil, on ne pouvait pas les emporter partout avec nous, et ça s'adonne que le nôtre était dans le salon, à l'autre bout du bungalow. Alors ma mère a fait ce que tous les livres d'éducation disent de ne pas faire, tout simplement parce que, des fois, la vie, c'est pas comme dans les livres d'éducation : elle m'a laissée toute seule dans la cuisine pour aller répondre au téléphone.

Je vous l'ai dit, j'avais faim, alors j'ai étiré les bras pour attraper mon assiette sur le comptoir, pour manger tout de suite, même si ma mère avait décidé d'aller répondre au téléphone et de laisser refroidir son dîner. C'est à ce moment-là que ma mère a entendu hurler : mon poignet s'était, paraît-il, retrouvé sur le rond du poêle à côté du comptoir, qui était éteint, mais encore brûlant. Je me souviens qu'ensuite ma mère a mis de l'onguent, de la glace, et je pense qu'on est allées à la clinique. Mais en tout cas, on n'a pas mangé notre spaghetti.

Et c'est comme ça qu'est apparue ma plus vieille cicatrice, première d'une longue série de brûlures et de coupures.

*

Ça, c'est la version officielle. Sauf qu'il y a quelque chose de louche, dans cette histoire.

Étant donné la configuration de notre cuisine de l'époque, les assiettes se trouvaient sur le comptoir à la gauche du poêle. Jusque-là, ça va : la cicatrice est sur le poignet droit. Mais vous essaierez, vous, de vous brûler le côté gauche du poignet droit sur un rond de poêle qui se trouve à votre droite...

Ça fait 20 ans que j'essaie de comprendre, et je ne vois toujours pas comment ça a pu arriver.

Stop ou encore?


Zviane a fait une longue BD l'autre jour sur le blogue et l'autobio en BD et, notamment, elle disait ceci : "Un blog, c'est comme un monstre affamé. Tu dois toujours le nourrir, et ça te stresse. Mais t'as un salaire : les commentaires et l'affluence. Il vient un temps où tu n'as pas envie de poster, mais tu le fais juste pour nourrir le monstre".

J'ai ouvert ce blogue parce que j'avais plein de choses à raconter emprisonnées dans ma tête, et que j'avais envie d'avoir un endroit où les faire sortir, où les partager. Mais je n'avais pas pensé à la paresse, celle qui fait que je préfère raconter les choses de vive voix, d'un jet, parce que ça va plus vite; celle qui fait qu'une fois le billet écrit dans ma tête, je perds le goût de m'asseoir pour le taper; celle qui fait aussi, sans doute, que j'ai envie de devenir prof de cégep plutôt que de rédiger des articles savants à longueur d'année.

Et pourtant, j'aime écrire. De la fiction autant que de la théorie. J'en ai besoin.

Ces choses-là, que j'ai envie de raconter, elles sont encore là. Le stock se renouvelle tous les jours. Il faut juste que je reprenne l'habitude de les mettre ici, avant qu'elles me quittent dans un flot de paroles...

Allez, on essaie encore.

samedi 2 mai 2009

Mille excuses milady


J'écoute en boucle le nouveau Jean Leloup en essayant de m'approprier mon nouvel appartement. De temps en temps, je m'arrête et je fais des lectures, et parfois des travaux. Déménagement et fin de session ne font pas bon ménage - vous excuserez donc mes absences...

lundi 20 avril 2009

Questionnaire littéraire


D'habitude, je n'embarque pas trop dans ces trucs-là, mais sur plusieurs blogs que je lis, une tag des livres circule, et le dernier à l'attraper la redonnait à qui voudrait bien s'en emparer! Alors je n'ai pas pu résister à cette invitation à parler de livres de façon tout à fait gratuite et je vous ai pondu les réponses à ce petit questionnaire littéraire... Pas game de le remplir vous aussi!

1. Plutôt corne ou marque-page?


Corne (sauf quand j'emprunte un livre). J'aime quand les livres portent les traces de la lecture, même quand ça signifie qu'ils me reviennent avec des taches de soupe Lipton...

2. Un livre en cadeau ?

Reçu : Le dernier livre que j'ai reçu, c'est mon exemplaire du Livre noir de Ta Mère. Sinon, ça remonte à Noël, où Max a complété ma Recherche du temps perdu avec les tomes qu'il me manquait! Yé!

Offert : Le dernier livre que j'ai offert, c'est, à ma mère, le Livre noir de Ta Mère! Et en général, j'aime offrir des livres en cadeau, surtout des bandes dessinées, et surtout si elles sont québécoises...

3. Lis-tu dans ton bain ?

Je ne prends pas de bain. Et lire sous la douche, ben...

4. As-tu déjà pensé à écrire un livre?

Oh que oui. Ça fait même 15 ans que j'y pense. Et en fait, je suis en train de le faire, et j'espère (non, je dois) avoir terminé pour mon anniversaire, le 09/09/09... Une piste à suivre.

5. Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ?

À priori, j'ai rien contre : c'est moins triste de terminer un bon livre quand on sait qu'un autre le suit. En finissant le 7e Harry Potter, j'ai relu le premier pour ne pas avoir l'impression que la série se terminait.... Ce qui me plaît moins, c'est quand "plusieurs tomes" devient synonyme de "répéter la recette pour faire plus de fric" - là, je trouve ça plate du point de vue de la qualité littéraire, mettons.

6. As-tu un livre culte ?

L'hiver de force, de Réjean Ducharme.

J'ajouterai L'homme rapaillé, de Gaston Miron, et Les mémoires d'une jeune fille rangée, de Simone de Beauvoir, parce que, comme Ducharme, je les ai découverts à un âge où on peut vouer un culte à des livres. Depuis, des tonnes d'autres livres m'ont marquée, m'ont jetée à terre, se sont inscrits dans ma liste d'inconditionnels (Océan mer d'Alessandro Baricco et L'insoutenable légèreté de l'être, de Milan Kundera, entre autres), mais, malheureusement peut-être, plus aucun ne s'est issé au rang de livre culte.

7. Aimes-tu relire ?

J'adore. Il y a des livres que je relis annuellement, d'autres que je relis dans certaines situations, d'autres que je relis parce que je les avais lus trop vite, ou mal, la première fois. Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de place pour les relectures entre mes lectures obligatoires et tous les livres encore non lus dans mes bibliothèques...

8. Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimés ?

Ne pas rencontrer, même si parfois, j'aimerais tellement... Parce que c'est presque toujours décevant.

9. Aimes-tu parler de tes lectures ?

J'ai l'intention d'en faire ma profession...!

10. Comment choisis-tu tes livres ?

Souvent selon mes plans de cours... Mais quand je choisis pour moi, c'est au feeling, au hasard des suggestions ou des curiosités. J'en commence plusieurs en même temps et j'alterne selon mon état d'esprit et ma capacité d'attention.

Ma seule règle : quand c'est pour emporter au travail, je choisis plutôt des Folios, ce sont les seuls qui entrent dans la poche de mon uniforme!

11. Une lecture inavouable?

Euh... Un peu de chick lit parfois?

Et une non-lecture inavouable (du moins, à l'université) : à part quelques exceptions (dont Miron), j'aime pas la poésie. Mais tsé, vraiment pas.

12. Des endroits préférés pour lire?

Je lis n'importe où, mais je préfère mon hamac.

13. Un livre idéal pour toi serait ?

Un livre qui me donne envie de l'avoir écrit.

14. Lire par-dessus l’épaule ?

Dans le métro, je ne peux pas m'en empêcher!

15. Télé, jeux vidéos ou livre ?

Livre, absolument, même si j'ai un gros faible pour Mario et ses amis.

16. Lire et manger ?

J'essaie tout le temps, mais je finis par abandonner le livre : un des plaisirs de manger est de voir ce qu'on mange!

17. Lecture en musique, en silence, peu importe ?

En silence, sinon, je me met à écouter les paroles. Des fois je me risque avec des trucs comme Fionn Regan ou Elliot Smith, et encore, je mets le volume très bas.

18. Lire un livre électronique ?

Malgré tout ce que l'électronique pourrait avoir de pratique au point de vue scolaire, je préfère 100 fois le livre en papier : voir question 1.

19. Le livre vous tombe des mains : aller jusqu’au bout ou pas ?

Quand c'est une lecture obligatoire, je suis consciencieuse, je me force. Sinon, j'abandonne parfois en cours de route, mais j'y reviens souvent plus tard (voir question 7) : c'est comme ça que j'ai fini par lire Le Matou, d'Yves Beauchemin, et Volkswagen blues, de Jacques Poulin, entre autres.

20. Qu’arrive t-il à la page 100?

Rien de particulier, pourquoi?

21. Un livre que tu donnerais à ton pire ennemi?

Quelque chose de bon, au cas où il le lirait.

Quand la réalité fait plus peur que la fiction


Vous vous souvenez de la tuerie du Columbine? Dans les journaux, à la télé, on avait décrit les deux ados responsables par les clichés habituels : victimes d'intimidations, fans de Marilyne Manson, rejetés et assoiffés de vengeance... Ça faisait peur, parce que des jeunes intimidés, il y a toujours eu, il y en aura sans doute toujours, et on ne sait jamais quand l'un d'eux décidera de se retourner vers nous avec un gun. Ça faisait peur, mais au moins, ça créait une sorte de sens, ou du moins, une explication, et ça permettait d'espérer qu'on ne répèterait pas les mêmes erreurs.

Sauf que la vérité, mise au jour par le journaliste Dave Cullen dans son livre Columbine, casse complètement l'image qu'on s'était faite. Ces deux gars-là étaient brillants, sociables, sportifs. Ils étaient appréciés par les profs et les élèves, et même par les filles. Des gars ordinaires - pire, des bons élèves, le genre qui écrivent des poèmes contre la haine dans leur cours de création littéraire.

Rien, mais vraiment rien de commun avec les caricatures que, comme le dit Rima Elkouri, on aurait bien voulu qu'ils soient. Mais alors, comment on explique tout ça?

Selon Cullen, l'un d'eux était un réel psychopathe; l'autre cachait une dépression et des idées suicidaires qui l'auraient rendu influençable. Mais ça, personne ne le voyait, personne ne le savait.

Et c'est pour ça que la vérité est encore plus effrayante que le mythe : parce qu'elle brise l'idée rassurante qu'en règlant le problème de l'intimidation, on règlera le problème de la violence. Parce qu'elle nous montre que le prochain tueur (parce qu'il y en aura un, quelque part), ça pourrait vraiment être n'importe qui.

mercredi 15 avril 2009

Mon sujet de maîtrise appuie l'UQAM

Daniel Danis, tsé, le dramaturge québécois sur qui j'ai l'intention de faire ma maîtrise, là? Ben il a signé, avec beaucoup beaucoup beaucoup d'autres gens chouettes (de Domlebo à Gilles Duceppe en passant par Guy A. Lepage), une lettre d'appui à l'UQAM qui a occupé une page pleine dans La Presse du 11 avril dernier.

Je suis pas mal fière de lui.


(Cliquez sur l'image pour lire la lettre)

mercredi 8 avril 2009

De l'incertitude en temps de grève

Les professeurs entament leur quatrième semaine de grève (cinquième, si on compte les cinq journées isolées en mars). À l'AFÉA, on en est à quatre semaines.



Il n'y a pas à dire, ma session en est quelque peu perturbée.

The Sound of Music à la gare

La chose la plus réjouissante que j'ai vue depuis longtemps!

lundi 30 mars 2009

On filme ta mère et elle aime ça

Vous avez raté le lancement du Livre noir de Ta Mère? Vous êtes déjà nostalgique de cette soirée inoubliable? Vous êtes complètement groupie et rêvez de voir la face des auteurs et des éditeurs?

Regardez le film du lancement, tourné et monté par notre talentueux ami Maurice Vadeboncoeur!


Lancement du Livre noir de ta mère from vadeboncoeur on Vimeo.

vendredi 27 mars 2009

Townships


Le premier livre de William sort aujourd'hui en librairie. C'est publié au Marchand de feuilles, un éditeur jeune mais déjà plein de crédibilité et de succès.

Je ne l'ai pas encore lu, mais j'ai lu assez de lui pour me douter que ce sera bon. Et puis, quelle couverture! Alors voilà, je lui fais de la pub, gratuitement. Allez l'acheter!

Ajout : si vous voulez festoyer, le lancement est ce soir, à l'Amère à boire!

dimanche 22 mars 2009

Et les grands ciels qui font rêver d'éternité


Je ne suis pas de la génération qui a été marquée par Les Colocs. Il faut dire que, quand Dédé est arrivé à Montréal, je venais de naître. Sa mort m'a touchée, comme tout le monde, mais pas autant qu'elle a dû toucher les vrais fans, ceux qui ont fait des Colocs la trame sonore de leur vie, ceux qui ont suivi le groupe d'album en spectacle. Malgré le respect que j'ai pour la musique des Colocs et le plaisir que j'ai à écouter la plupart de leurs morceaux, Dédé n'a rien de sacré pour moi.

C'est peut-être pour ça que j'ai pu voir le film de Duval sans me sentir écorchée. Et c'est peut-être pour ça que, quand je lis ce qu'a écrit Nicole Bélanger, l'ex de Dédé, je trouve qu'elle va un peu loin. Quoiqu'au fond, qu'est-ce que j'en sais? Elle a peut-être raison.

N'empêche que ce film, s'il n'est pas le plus grand chef-d'oeuvre du cinéma québécois, me semble tout sauf malhonnête. J'ai eu l'impression, grâce à l'organisation du scénario autour de l'histoire du groupe mais surtout autour des chansons des Colocs, de mieux connaître Dédé l'artiste et de mieux comprendre ses textes. Pas de mieux connaître l'homme, c'est vrai, ni de mieux comprendre les raisons de son suicide. Mais je ne crois pas que ç'ait été le but de Jean-Philippe Duval. Un geste comme celui-là, ça ne s'explique pas.

J'ai plutôt vu son film comme un hommage, un retour sur une vie et surtout sur une carrière, et je crois que c'est ce qu'il fallait faire. Je regrette cependant que les promesses du début du film n'aient pas été tenues : si vous avez vu la bande-annonce, vous avez entrevu la magnifique séquence d'animation qui ouvre et qui ferme le film. Dans la première heure, des trouvailles comme celles-là reviennent à quelques reprises. Du collage, des marionnettes. Mais soudain, tout ça se perd, et ça redevient un film comme les autres, aux dialogues parfois un peu plaqués. Heureusement, Sébastien Ricard est à la hauteur du poids qu'il a sur les épaules, et on y croit - ou du moins, moi, j'y ai cru.

Je ne crois pas que ce film passera à l'histoire comme Dédé lui-même a pu le faire. Mais si vous vous ennuyez de lui, ou si vous avez envie d'approcher un peu la légende, et que vous avez 2h30 devant vous, faites donc un détour par un cinéma - ça vous donnera envie de réécouter Dehors Novembre...

mercredi 18 mars 2009

Un slogan tatoué sur la brique, la suite


Après un mea culpa du SPUQ et quatre heures de débat, l'Association facultaire des étudiants en arts de l'UQAM (AFÉA) est maintenant en grève aux côtés de ses profs.

Car le SPUQ, lors de la dernière grève étudiante (où les revendications étaient pourtant liées à celles qu'il soutient actuellement), n'a pas officiellement appuyé les associations. Alors quand ils sont venus nous demander de l'aide, on n'a pas dit oui tout de suite. On est pas complètement cruches : ça marche dans les deux sens, la solidarité. Mais voilà, ils ont fait leur mea culpa et on leur a pardonné. Et même, on a voté une grève étudiante jusqu'à lundi.

Étonnament, notre grève sera plus longue que celle de l'AFESH, association pourtant plus radicale. Il faut dire que l'ordre des choses est passablement perturbé, à l'UQAM. Hier, les comptables engagés par la ministre ont remis un rapport disant qu'ils étaient d'accord avec les revendications des profs. Aujourd'hui, l'université a annulé toutes ses activités, mêmes les cours donnés par les chargés de cours. Demain, les syndicats et les assos manifesteront main dans la main. Depuis le début de la semaine, on n'a pas vu l'ombre d'un policier sur le campus.

Décidément, cette grève-là n'est vraiment pas comme les autres. Pour une fois, on réussira peut-être à réunir toute la communauté autour d'un même enjeu, sans diviser le mouvement de l'intérieur. Parce que l'UQAM, c'est nous!

samedi 14 mars 2009

Investir dans le papier kraft


Savez-vous c'est quoi, vous autres, le papier commercial? Vous savez, celui qui a fait perdre tant d'argent à la caisse de dépôt?

Vite de même, j'aurais dit le papier d'emballage, le papier à imprimante, ce genre de choses.

Je n'ai pas honte de mon ignorance : Foglia pensait pareil. Mais grâce au chroniqueur financier Claude Piché, Foglia et moi, on a enfin compris : "papier dans le sens de papier-monnaie. Des titres, tu comprends, des titres!"

Titre, n. m.
[FINANCES] Document généralement transmissible et négociable, remis à un obligataire ou à un actionnaire par la société qui l’a émis.
(Antidote)

Des actions, finalement. La caisse de dépôt a acheté des actions avec notre argent. Et elle a perdu notre argent quand ces actions ont perdu de la valeur à cause de la récession.


J'aurais préféré qu'elle investisse dans le papier kraft.