lundi 22 août 2011

Mme Maigret et moi

Je l’avoue. Parfois, seulement parfois, j’envie Mme Maigret.

Le matin, Mme Maigret se lève de bonne heure, prépare du café et en apporte une tasse à Maigret. Son mari parti, elle passe une partie de la matinée à faire son ménage, puis elle sort faire son marché avec son filet à provisions. La boucherie, la fruiterie, la fromagerie, la boulangerie. Toujours les mêmes fournisseurs, qu’elle connaît bien et en qui elle a confiance.

Ensuite, elle rentre à la maison et prépare un déjeuner bien français : de l’andouillette, ou du foie de veau. Certains jours, Maigret rentre déjeuner avec elle, marmonne quelques mots sur son travail et repart. D’autres jours, elle mange seule, et elle ne semble pas s’en plaindre.

Ses après-midi sont plus flous. Elle écoute la radio, lit les journaux, fait du tricot dans un square. Ou alors elle téléphone à sa sœur en Alsace. Et pour le repas du soir, elle prépare un plat bien français : de la blanquette de veau, ou de la raie au beurre noir. Avec Maigret, ils vont au cinéma après le repas, à pied, en se tenant par la taille. Ou alors, ils mangent avec leurs amis les Pardon, et Mme Maigret chuchote dans un coin avec Mme Pardon pendant que les hommes boivent de la prunelle.

Mme Maigret a la vie des femmes de sa génération, la vie que j’imagine à ma grand-mère lorsque les enfants avaient quitté la maison. Une vie simple, en ordre, heureuse et sans histoire. Parfois, seulement parfois, je l’envie. Pourtant, Mme Maigret est le contraire du féminisme, et le contraire de la vie que je mène. Mme Maigret est une ménagère exemplaire : timide, dévouée à son mari, gardant ses opinions pour elle et sans projet ou ambition qui lui appartienne. Elle est à cheval sur la propreté et sur la morale bourgeoise de l’époque - elle est même un peu prude.

Mais Mme Maigret réussit à faire tout ce que je ne sais pas faire : tenir sa maison propre, prendre le temps de choisir chaque ingrédient et cuisiner des repas complexes chaque jour, mener une vie paisible et organisée. Parfois, comme elle, j’aimerais être capable d’avoir une routine, de ne pas m’éparpiller sans cesse, de finir ce que je commence, de faire le ménage correctement, de me contenter de peu.

Parfois, j’aimerais que ma vie soit simple et prévisible comme celle de Mme Maigret.

Mais seulement parfois.

jeudi 14 juillet 2011

Jolies choses

Depuis quelque temps, ma quotidienne tournée des blogs s'est allongée et s'est enrichie de blogs de design, de lifestyle, de DIY et de jolies choses en tout genre. Voici quelques-unes de mes découvertes:

Unruly things et son petit frère Unruly little things : deux blogs de lifestyle tenus par Alyson Brown, dont le fils Wolf a 3 semaines de plus que ma fille. Elle a commencé Unruly little things pendant sa grossesse et y écrit des billets sur des jolies choses pour enfants et sur la maternité.

Poppytalk : tenu par deux Vancouverois. Plusieurs billets par jour, beaucoup de belles idées.

Design mom : tout est dans le titre! Designer et mère de six (six!) enfants, Gabrielle Blair passe en ce moment une année en France avec toute sa famille et blogue à propos de toutes sortes de choses qui touchent au design et à son expérience d'expatriée temporaire.

Making it lovely : Nicole Balch retape sa maison et partage toutes sortes de projets et de trouvailles.

mercredi 13 juillet 2011

L'émergence


Ma fille a presque un mois et, après les interminables jours d'attente qui ont précédé son arrivée, les dernières semaines ont passé à une vitesse folle. C'est peut-être parce qu'on s'attendait au pire, mais tout est finalement plus facile qu'on l'imaginait, et l'amour qu'on a pour cette si petite personne est tout simplement renversant.

Maintenant qu'un semblant de routine s'est installé, j'émerge tranquillement de la brume qui entoure le premier (les premiers?) mois de vie d'un être humain pour retoucher, un petit morceau à la fois, à des projets qui n'ont aucun lien avec ma descendance.

Partir de rien en est au sprint final pré-impression, et les deux premiers chapitres sont corrigés. Ben fait un superbe travail avec la couverture, comme d'habitude. Restez à l'affût, j'annoncerai la date du lancement en août.

Et, inspirée par des adeptes du DIY comme Catherine, j'envisage, entre deux couches, de fabriquer des petites lanternes avec des LED pour éclairer la cour, pour les (nombreux) soirs où les copains viennent prendre une bière, ou deux, ou trois.

vendredi 10 juin 2011

L'attente


Le plus dur, ce n'est pas le ventre qui s'alourdit, pas les aller-retours constants aux toilettes, pas les fausses contractions qui se multiplient, pas les coups de pied de plus en plus vigoureux, pas même les maux de dos. Tout ça, je peux facilement en prendre pour encore 10 jours, même que j'aime encore ça.

Le plus dur, c'est l'attente. Le stand-by. Ne pas oser trop s'éloigner de la maison. Faire des plans conditionnels. Guetter les signes sans savoir si on en a pour deux heures ou deux jours. Essayer de profiter du temps qu'il reste sans savoir combien de temps, exactement, il reste.

Le plus dur, c'est cette impression de vivre sur du temps emprunté.

dimanche 8 mai 2011

Rédiger au printemps

C'est dur de travailler quand, par la fenêtre, c'est le printemps.

samedi 7 mai 2011

Terre étrangère

"On entre en société comme en terre étrangère", dit Ferdinand Tönnies dans cette citation que j'ai postée fin mars. Je n'ai jamais autant ressenti la vérité de cette phrase que dans la soirée du 2 mai, pendant que je regardais le nombre de sièges des Conservateurs monter jusqu'à atteindre la majorité. Une majorité sans le Québec, balayé quant à lui par la fameuse vague orange que les chroniqueurs de toutes allégeances interprètent à tort et à travers depuis bientôt une semaine.

Pendant cette soirée électorale, j'ai senti que le Québec était ma communauté et que le Canada était cette société étrangère à laquelle il est si difficile d'appartenir. Même si je ne me fais pas beaucoup d'illusion sur la force des convictions gauchistes de mes concitoyens (après tout, la dernière vague de changement a mené à un triomphe adéquiste), les résultats prouvent quand même, une fois pour toutes, que le Québec et le ROC veulent des choses différentes et, apparemment, inconciliables.

Depuis bientôt deux ans, je m'acharne à analyser trois pièces de théâtre qui, à mon avis, règlent le problème de la crise identitaire par l'ouverture de la communauté sur l'Autre. Aujourd'hui, l'Autre ne me plaît pas du tout, et j'ai moins que jamais envie de m'ouvrir sur lui. Et plus que jamais, j'ai envie que, collectivement, on reproduise ce miracle qui nous fait voter tous ensemble dans la même direction et, en l'occurrence, complètement à l'envers du reste du pays, pour enfin se donner le droit d'avoir notre propre pays, dans lequel on n'entrerait pas comme en terre étrangère.

Les Canadiens n'ont pas besoin de nous pour fonctionner, ils nous l'ont bien démontré lundi dernier. Alors, qu'est-ce qu'on attend?

mercredi 30 mars 2011

Communauté et société

La citation qui ouvre mon deuxième chapitre de mémoire. (Je trouve la dernière phrase magnifique.)

Tout ce qui est confiant, intime, vivant exclusivement ensemble est compris comme la vie en communauté [...]. La société est ce qui est public; elle est le monde; on se trouve en communauté avec les siens depuis la naissance, liés à eux dans le bien comme dans le mal. On entre en société comme en terre étrangère.

Ferdinand Tönnies, Communauté et société



dimanche 27 mars 2011

Vous avez dit conservateurs?

Si vous doutez encore du niveau de conservatisme d'Harper et ses comparses, ou même si vous en êtes convaincus, allez lire ceci et faites circuler, pour le bien de vos concitoyens. C'est une page recensant des citations des candidats conservateurs, dont Stockwell Day et Stephen Harper. Je vous garantis un "QUOI???" horrifié pour chaque phrase.

Beaucoup de mots et de petits vêtements

Pas grand-chose à raconter, ces jours-ci : ma vie se résume à un sprint de rédaction d'article et de mémoire et à des préparatifs pour l'arrivée de bébé, qui devrait pointer le bout de son nez (ou, littéralement, de sa tête) dans une dizaine de semaines.

Tout ça entrecoupé de déception et d'indignation devant la politique fédérale (non mais, vraiment, est-ce qu'on va réélire les conservateurs? franchement, là?), le presque-tuage de Pacioretty par Chara et les blanchissages répétés de Canadien.

Vous proposez quoi, comme solution? On vote Bloc, NPD, Libéral? On poursuit Chara en justice? On vire le coach?

dimanche 13 mars 2011

La cabane à sucre du Pied de cochon

Ça commence par Martin Picard qui joue au hockey devant la cabane dans le soir qui tombe, alors qu'on arrive pour souper, moi et les 22 amis avec qui j'ai une réservation ce soir-là. On est excités comme des enfants, prêts à dévorer le meilleur repas de cabane à sucre de notre vie.

On entre, c'est déjà plein de monde assis, comme dans une vraie cabane, à des longues tables en bois. Pas de menu, sauf une carte des vins. On s'entasse à 13 à notre table, on commande les premiers pichets de bière ou de cidre, et ça commence. Comme à la cabane traditionnelle, les serveurs apportent les plats au centre de la table, et on s'arrange pour que tout le monde en aie à son goût.

14 plats différents en 3 heures, le tout pour 54$ chacun (plus taxes, pourboire et boisson).

Les entrées

On commence en douceur avec des huîtres à la gelée d'eau de mer et de sirop d'érable.
Puis, les sushis frits au saumon (cru) débarquent, avec une petite sauce probablement sucrée au sirop (je ne saurais trop dire, je l'ai goûtée trop vite).

Ensuite, en même temps, arrivent sur la table un plateau contenant des tranches d'esturgeon fumé, des petites crêpes de sarrasin, de la crème sûre et des oignons (pour se concocter de dé-li-cieux petits canapés) ainsi qu'un bol de salade d'oreilles de criss (toutes légères et juste assez salées), cheddar, jambon et pacanes, avec une vinaigrette très pied-de-cochonesque, c'est-à-dire bien vinaigrée.

Et finalement, une soupière de soupe aux pois au foie gras. De temps en temps, entre les pois, des morceaux de foie gras nous explosent dans la bouche.

À ce stade-ci, je n'ai mangé qu'une unité de chacun des services (OUI OUI, même les huîtres et les sushis!), pas parce que ce n'était pas bon, bien au contraire - c'était à se rouler par terre, on aurait voulu que chaque bouchée dure toute la vie -, mais parce que je voulais me garder un peu d'espace pour goûter au reste... Car c'était pas fini!

Les plats principaux

Imaginez la meilleure tourtière que vous avez mangée de votre vie, et améliorez-la encore un peu : vous vous rapprochez un peu de la tourtière au porc (viande braisée et viande hachée) au ketchup maison qui nous est servie.

Elle est suivie d'une délirante omelette à la bisque de homard (dans laquelle on trouve des bons morceaux dudit crustacé) et aux pommes de terre fondantes.

Puis d'une épaule de porcelet braisée et glacée au sirop d'érable, tendre comme c'est pas permis.

Puis des poulets (entiers) à la bière, accompagnés de petites pommes de terre rissolées absolument délicieuses (on s'est battus pour les dernières) et de morceaux de foie gras (encore).

Le tout agrémenté de fèves au lard au fromage cottage, qui goûtaient étonnamment la poutine. Mais tsé, la bonne poutine.

Le temps de prendre une grande respiration et une gorgée de cidre (OUI OUI, j'ai bu un verre de cidre), et on était prêts pour la suite, à condition d'avoir eu l'intelligence de ne pas se garrocher dans l'un ou l'autre des plats (ce qui, convenons-en, était difficile).

Les desserts

Que serait la cabane à sucre sans tire sur la neige? Eh bien, au Pied de cochon, on vous apporte à la table des barquettes de neige, sur laquelle on a fait couler des flaques de tire flanquées d'un bâton.

Mais ce n'est qu'un classique qui met en appétit (!) pour les flamboyants desserts qui le suivent : nougat glacé et coulis de chocolat décoré de barbe à papa au sirop d'érable, crêpes frites dans le gras de canard et tarte tatin à la crème glacée à la vanille.

Même si on n'en peut plus, on ne peut certainement pas résister à ces oeuvres d'art culinaires, en particulier le nougat (quoique les crêpes frites... et la tarte... hummm!). Ça prenait un café pour faire descendre le tout.

Bref.

La réputation de la cabane n'est pas surfaite, et j'ai même préféré l'expérience à celles que j'avais vécues au resto du même nom. Si vous ne devez manger qu'à une seule cabane à sucre dans votre vie, arrangez-vous pour que ce soit celle-là. Mais soyez prêts à réserver dès septembre prochain pour la prochaine saison des sucres...

jeudi 3 mars 2011

I travel a lot


Je le répète à qui veut l'entendre depuis des lustres : le théâtre, ce n'est pas qu'une affaire de texte. C'est pourquoi, quand on s'est fait offrir une paire de billets pour The dragonfly of Chicoutimi, j'étais contente de pouvoir enfin voir cette pièce sur scène. Parce que bon, en 1995, an de gloire de la création, j'étais un peu jeune. Et depuis, j'ai eu l'occasion de lire le texte plus d'une fois, dans le cadre de plus d'un cours à l'université, et de l'intellectualiser en masse. J'en gardais l'impression d'un texte glauque, inconfortable, et surtout très chargé symboliquement et émotivement.

Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'une pièce-monologue écrite en anglais avec une syntaxe française et qui raconte essentiellement l'histoire d'un homme de Chicoutimi qui, après un mutisme de plusieurs années, fait un rêve en anglais et se réveille anglophone. La lecture politique (on se rappelle que la création a eu lieu en 1995) se superpose à une lecture psychanalytique et en fait un texte en pelure d'oignon, qu'on n'a jamais fini d'explorer. Le chef-d'oeuvre de Larry Tremblay, certainement, qui est particulièrement doué pour plonger ses lecteurs-spectateurs dans l'inconfort.

Je ne pensais pas avoir l'occasion de voir cette pièce sur scène un jour et, malgré moi, puisqu'il s'agit d'un monologue sans doute, j'avais l'impression que la lecture était suffisante. Et voilà que le théâtre PàP décide de la monter au FTA 2010 (où je l'ai ratée), puis de la reprendre à Espace Go cet hiver. Bingo!

Ma découverte : The dragonfly of Chicoutimi, c'est drôle. Vraiment drôle. Pendant les 30-40 premières minutes, du moins. L'accent québécois sous les mots anglais, les mensonges répétés de Gaston Talbot, ses expressions toutes faites, tout ça est vraiment drôle.

Et d'autant plus que, sur la scène de Go, il n'y avait pas 1, mais bien 5 Gaston Talbot. Le coup de génie de Claude Poissant : multiplier la figure du personnage pour créer un rythme terriblement efficace et rappeler le caractère pluriel du Québec contemporain, sans toutefois tomber dans une représentation multiculturelle convenue et déplacée.

L'inconfort, la charge symbolique du texte restent présents, mais, portés par des comédiens extrêmement précis et une mise en scène physique mais dépouillée, ils deviennent plus signifiants, plus durs et plus vivables à la fois. Le travail de Poissant témoigne d'un profond respect du texte, tout en faisant exactement ce qu'on attend d'une bonne relecture, c'est-à-dire en y ajoutant des couches de sens supplémentaires, mais qui paraissent avoir été là depuis toujours, simplement invisibles à nos yeux de lecteurs maladroits.

Il serait difficile d'en dire beaucoup plus sans vous révéler les secrets du spectacle, mais je tiens à vous répéter que, comme tout texte de théâtre, The dragonfly of Chicoutimi est décidément un texte à voir et non à lire. Je n'avais jamais aimé ni compris cette pièce autant qu'en sortant d'Espace Go jeudi soir.

mardi 22 février 2011

Retrouver la recherche


En fouillant un peu dans mes archives, j'ai constaté que le niveau intellectuel de mon blogue avait considérablement baissé avec le temps, comme si le simple fait de tenir un blogue rendait fatalement de plus en plus nombriliste. Non mais, où est passée cette époque bénie où je vous assommais de critiques artistiques et de billets sur la politique, la littérature et les émissions de Radio-Cadenas? L'influence de Facebook y est certainement pour quelque chose, et peut-être aussi le fait que mon nombril s'éloigne de plus en plus de mon dos et devient, par le fait même, de plus en plus visible. Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de remédier à la situation en vous parlant de Proust (rien de moins). Vous me pardonnerez le douteux jeu de mots du titre.

Depuis un peu plus de deux ans, je me suis mis dans la tête de lire À la recherche du temps perdu au complet. D'abord, parce que j'en avais un peu marre d'en entendre parler par mes profs et mes condisciples (l'UQAM offre un cours de 45 heures sur Proust), et surtout marre de lire des ouvrages théoriques qui la prenait en exemple (lire Genette sans avoir lu Proust, ça devient franchement agaçant). Ensuite, parce que je me rappelais avoir lu un extrait d'À l'ombre des jeunes filles en fleur dans une anthologie au cégep et avoir trouvé ça très beau. Enfin, parce que je trouvais la première phrase ("Longtemps, je me suis couché de bonne heure") tout à fait délicieuse. Sans doute par défi, aussi. Je me suis donc lancée, pleine d'enthousiaste.

Je vous ai déjà confié mon amour pour les alexandrins et pour la littérature d'une autre époque. Aussi bien dire que la langue de Proust et ses interminables phrases ne me faisaient pas peur, pas plus que ses descriptions du milieu mondain divisé par l'affaire Dreyfus. Malgré tout, il faut une certaine persévérance pour traverser La recherche sans abandonner. Ce sont des milliers de pages, après tout, pendant lesquelles il se passe assez peu de choses et où l'essentiel réside dans la description des paysages, l'introspection et les remarques (souvent fort justes) sur les travers et les bizarreries de l'humanité. Étant d'une nature contemplative et introspective, je dois dire pourtant que je me reconnais souvent, malgré l'anachronisme, dans le narrateur. Mais après avoir lu, en l'espace de quelques mois (en plein été, même), Du côté de chez Swann et À l'ombre des jeunes filles en fleur, j'ai laissé les tomes suivants prendre la poussière dans ma bibliothèque. Je les ai déménagés de Petite-Patrie à Villeray sans les rouvrir et, soudain, à la fin de l'été dernier, c'est arrivé : j'ai retrouvé la recherche.

Depuis l'automne, je me suis enfilé sans discontinuer (sauf pour lire deux Maigret à Noël) Le côté de Guermantes I et II et Sodome et Ghomorre I et II, et je viens de me lancer dans La prisonnière. Il me reste donc moins de la moitié des tomes à lire, et environ 1500 pages. Et vous savez quoi? J'aime ça.

Ma relation avec Proust a traversé plusieurs étapes. Au début, surtout avec À l'ombre des jeunes filles en fleur, j'ai eu un peu de mal. J'en ai eu marre des descriptions et des réflexions qui interrompaient sans arrêt l'action, je voulais savoir comment évolueraient les relations entre les personnages et les digressions continuelles commençaient à me peser. Il a fallu que j'accepte tout ça et que je finisse par capter le rythme de ces phrases d'une demi-page qui, maintenant, me paraissent bien courtes et me bercent paisiblement. Quand même, je dois avouer que je ne suis pas toujours une lectrice des plus sérieuse. Si je me délecte de certains passages, je n'ai aucun problème à me prévaloir des droits du lecteur de Pennac quand l'auteur s'attarde trop sur l'étymologie des noms de villages obscurs, et je lis en diagonale. Parfois, aussi, Proust m'énerve, et je dis même "gnagnagna" dans ma tête en glissant vite sur un passage.

Mais au bout du compte, ces milliers de pages sont comme un long voyage aux côtés d'une même personne, pendant lequel j'apprends à connaître à fond son style, à remarquer son évolution au fil des tomes et à l'aimer avec ses défauts et ses prises de liberté sur la grammaire (oui, il met des virgules entre le sujet et le verbe, parfois, et accorde son participe passé avec "en"). Si j'ai commencé à lire, peut-être, parce que c'était un must en littérature, je continue parce que j'y trouve un réel plaisir.

Lire La recherche, c'est peut-être un peu comme faire St-Jacques de Compostelle ou grimper l'Everest. Ça prend de la patience et une certaine préparation, mais les paysages et le cheminement intérieur en valent le coup, autant sinon plus que l'arrivée au bout du voyage.

lundi 14 février 2011

Martha Stewart du dimanche

Je n'ai jamais été particulièrement folle de décoration. Évidemment, j'aime bien que les choses soient jolies autour de moi, mais je n'ai pas le talent ni la patience de faire un véritable effort, contrairement à certains de mes amis qui sont très doués. En fait, je n'ai jamais considéré la décoration de mon intérieur comme un projet.

Mais depuis un mois, je m'amuse follement à jouer à Martha Stewart en réaménageant notre appartement au grand complet, et je perds surtout un temps fou sur ce site pour trouver des idées originales, design et surtout pas trop "Fisher Price" pour la chambre de ma fille.

Quand j'ai choisi les couleurs, on ne savait pas encore si on aurait un garçon ou une fille, mais j'ai été particulièrement frappée par cette chambre de bébé fille. De notre côté, pour l'instant, ça donne ça :


Il reste encore beaucoup de traîneries, et il manque encore les meubles, les rideaux et tous les petits détails qui changeront tout. Je vous reviendrai là-dessus à mesure que ça se précise, et je vais me gâter avec un "nursery tour" quand tout sera fini...

lundi 31 janvier 2011

Comment tromper sa culpabilité (voire, être véritablement efficace)


Vendredi dernier, La Presse publiait un dossier sur la procrastination. J'en ai profité, samedi, pour le lire au complet avant (au lieu) de terminer un document pour mes étudiantes (oui, étudiantes : que des filles dans mon groupe!). Je me suis reconnue, même si ça ne m'a absolument pas aidée à trouver des trucs. Heureusement, depuis quelques années, j'en ai développé par moi-même.

En tant qu'étudiante en rédaction de mémoire, travailleuse autonome occasionnelle, prof de cégep à temps partiel et auteure du dimanche, je passe beaucoup (beaucoup, beaucoup) de temps à la maison avec du travail à faire et des échéances plus ou moins floues. Pour survivre, il fallait que je trouve des solutions. Je vous les propose, même si elles ne sont pas toujours efficaces, et j'attends les vôtres...

#1 : SelfControl
Ma dernière trouvaille, la plus efficace de toutes : l'application SelfControl, qui permet de créer une liste noire de sites web à bloquer ou, mieux, une liste blanche de sites à débloquer pendant une période déterminée. Et attention, une fois que le compteur est parti, pas moyen de changer d'idée, même en redémarrant l'ordinateur : il faudra attendre que le temps se soit écoulé. Pour les désespérés, et pour Mac seulement.

#2 : aller travailler ailleurs
Personnellement, j'ai un faible pour le troisième étage de la BAnQ. Même si la connexion Internet y est toujours accessible, l'absence d'autres distractions (le téléphone, la machine à café, la vaisselle sale) et le climat de calme et de concentration absolue sont assez efficaces. Malheureusement, depuis quelque temps, ça devient un peu compliqué étant donné que ma fille aime vraisemblablement s'appuyer de tout son (maigre) poids sur ma vessie, ce qui multiplie mes allers-retours aux toilettes...

#3 : la procrastination productive
Ça reste une forme de procrastination, parce que même si c'est plus productif que lire des mangas sur Internet, ça n'aide pas le mémoire à s'écrire plus vite. Ça consiste à remplacer la procrastination improductive par le ménage (la vaisselle, le lavage), la cuisine (une sauce à spagh, une soupe, un pain aux bananes), l'exercice physique (allez, juste quelques squats avant de me mettre au travail!) ou toutes sortes de petites choses nécessaires mais absolument pas urgentes (écrire un texte pour le mariage d'une amie, poser un crochet, faire les démarches pour s'abonner à Communauto). Ça a l'avantage d'éviter la culpabilité qui vient avec la procrastination, et c'est encore mieux si vous utilisez une tâche professionnelle facile mais nécessaire (modifier un document sur l'accord du participe passé) pour repousser une tâche difficile (rédiger un chapitre de mémoire).

#4 : descendre mon bureau dans le sous-sol
Bon, ce n'est pas donné à tout le monde de vivre sur deux étages, mais le simple fait d'avoir à traverser le sous-sol et à monter les escaliers pour aller à la cuisine (mon lieu de procrastination préféré) suffit à me dissuader. Je garde même des provisions en permanence dans mon bureau (bien cachées dans mon Tardis Cookie Jar) pour éviter de m'interrompre pour aller chercher une collation.

#5 : tomber enceinte
Côté procrastination, ça a du bon et du moins bon, il faut l'avouer. L'inconvénient est que ça me donne toute une série de livres et de sites web à lire (je ne compte plus le temps passé sur Babble) et de choses auxquelles penser (choisir les couleurs de la chambre, magasiner une poussettes en ligne), mais l'avantage, c'est qu'il s'agit sans doute de l'échéance la plus incontournable de ma vie. J'ai donc commencé à compter à l'envers pour me motiver à être plus efficace, même si ça reste approximatif. Il me reste 18 semaines pour terminer une version satisfaisante de mon mémoire et de mon roman.

#6 : afficher un échéancier au mur
Pour les échéances floues ou lointaines, ça apporte un peu de réalité à toute l'affaire...

Vous en avez d'autres, des pires ou des meilleures? Je veux les lire.

samedi 1 janvier 2011

Résolutions

Cette année, ma vie va changer complètement. C'est déjà commencé, mais à peine; c'est vraiment en 2011 que tout va se jouer pour de bon. C'est un peu dur, dans ce contexte-là, de prendre des résolutions. Je ne sais tellement pas dans quoi je m'embarque que le simple fait de prévoir une attitude à adopter semble impossible.

La seule vraie résolution que je peux prendre maintenant, c'est celle-là : en 2011, j'essaierai d'être zen et de développer ma capacité d'adaptation. Je vous en donnerai des nouvelles.



(Et pour me faire plaisir, je peux aussi en prendre une autre, tiens : en 2011, je ne corrigerai plus d'élèves qui ne sont pas les miens. Non mais franchement, qui a envie de corriger des examens à développement le 1er janvier? Pas moi.)