mardi 22 février 2011

Retrouver la recherche


En fouillant un peu dans mes archives, j'ai constaté que le niveau intellectuel de mon blogue avait considérablement baissé avec le temps, comme si le simple fait de tenir un blogue rendait fatalement de plus en plus nombriliste. Non mais, où est passée cette époque bénie où je vous assommais de critiques artistiques et de billets sur la politique, la littérature et les émissions de Radio-Cadenas? L'influence de Facebook y est certainement pour quelque chose, et peut-être aussi le fait que mon nombril s'éloigne de plus en plus de mon dos et devient, par le fait même, de plus en plus visible. Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de remédier à la situation en vous parlant de Proust (rien de moins). Vous me pardonnerez le douteux jeu de mots du titre.

Depuis un peu plus de deux ans, je me suis mis dans la tête de lire À la recherche du temps perdu au complet. D'abord, parce que j'en avais un peu marre d'en entendre parler par mes profs et mes condisciples (l'UQAM offre un cours de 45 heures sur Proust), et surtout marre de lire des ouvrages théoriques qui la prenait en exemple (lire Genette sans avoir lu Proust, ça devient franchement agaçant). Ensuite, parce que je me rappelais avoir lu un extrait d'À l'ombre des jeunes filles en fleur dans une anthologie au cégep et avoir trouvé ça très beau. Enfin, parce que je trouvais la première phrase ("Longtemps, je me suis couché de bonne heure") tout à fait délicieuse. Sans doute par défi, aussi. Je me suis donc lancée, pleine d'enthousiaste.

Je vous ai déjà confié mon amour pour les alexandrins et pour la littérature d'une autre époque. Aussi bien dire que la langue de Proust et ses interminables phrases ne me faisaient pas peur, pas plus que ses descriptions du milieu mondain divisé par l'affaire Dreyfus. Malgré tout, il faut une certaine persévérance pour traverser La recherche sans abandonner. Ce sont des milliers de pages, après tout, pendant lesquelles il se passe assez peu de choses et où l'essentiel réside dans la description des paysages, l'introspection et les remarques (souvent fort justes) sur les travers et les bizarreries de l'humanité. Étant d'une nature contemplative et introspective, je dois dire pourtant que je me reconnais souvent, malgré l'anachronisme, dans le narrateur. Mais après avoir lu, en l'espace de quelques mois (en plein été, même), Du côté de chez Swann et À l'ombre des jeunes filles en fleur, j'ai laissé les tomes suivants prendre la poussière dans ma bibliothèque. Je les ai déménagés de Petite-Patrie à Villeray sans les rouvrir et, soudain, à la fin de l'été dernier, c'est arrivé : j'ai retrouvé la recherche.

Depuis l'automne, je me suis enfilé sans discontinuer (sauf pour lire deux Maigret à Noël) Le côté de Guermantes I et II et Sodome et Ghomorre I et II, et je viens de me lancer dans La prisonnière. Il me reste donc moins de la moitié des tomes à lire, et environ 1500 pages. Et vous savez quoi? J'aime ça.

Ma relation avec Proust a traversé plusieurs étapes. Au début, surtout avec À l'ombre des jeunes filles en fleur, j'ai eu un peu de mal. J'en ai eu marre des descriptions et des réflexions qui interrompaient sans arrêt l'action, je voulais savoir comment évolueraient les relations entre les personnages et les digressions continuelles commençaient à me peser. Il a fallu que j'accepte tout ça et que je finisse par capter le rythme de ces phrases d'une demi-page qui, maintenant, me paraissent bien courtes et me bercent paisiblement. Quand même, je dois avouer que je ne suis pas toujours une lectrice des plus sérieuse. Si je me délecte de certains passages, je n'ai aucun problème à me prévaloir des droits du lecteur de Pennac quand l'auteur s'attarde trop sur l'étymologie des noms de villages obscurs, et je lis en diagonale. Parfois, aussi, Proust m'énerve, et je dis même "gnagnagna" dans ma tête en glissant vite sur un passage.

Mais au bout du compte, ces milliers de pages sont comme un long voyage aux côtés d'une même personne, pendant lequel j'apprends à connaître à fond son style, à remarquer son évolution au fil des tomes et à l'aimer avec ses défauts et ses prises de liberté sur la grammaire (oui, il met des virgules entre le sujet et le verbe, parfois, et accorde son participe passé avec "en"). Si j'ai commencé à lire, peut-être, parce que c'était un must en littérature, je continue parce que j'y trouve un réel plaisir.

Lire La recherche, c'est peut-être un peu comme faire St-Jacques de Compostelle ou grimper l'Everest. Ça prend de la patience et une certaine préparation, mais les paysages et le cheminement intérieur en valent le coup, autant sinon plus que l'arrivée au bout du voyage.

lundi 14 février 2011

Martha Stewart du dimanche

Je n'ai jamais été particulièrement folle de décoration. Évidemment, j'aime bien que les choses soient jolies autour de moi, mais je n'ai pas le talent ni la patience de faire un véritable effort, contrairement à certains de mes amis qui sont très doués. En fait, je n'ai jamais considéré la décoration de mon intérieur comme un projet.

Mais depuis un mois, je m'amuse follement à jouer à Martha Stewart en réaménageant notre appartement au grand complet, et je perds surtout un temps fou sur ce site pour trouver des idées originales, design et surtout pas trop "Fisher Price" pour la chambre de ma fille.

Quand j'ai choisi les couleurs, on ne savait pas encore si on aurait un garçon ou une fille, mais j'ai été particulièrement frappée par cette chambre de bébé fille. De notre côté, pour l'instant, ça donne ça :


Il reste encore beaucoup de traîneries, et il manque encore les meubles, les rideaux et tous les petits détails qui changeront tout. Je vous reviendrai là-dessus à mesure que ça se précise, et je vais me gâter avec un "nursery tour" quand tout sera fini...