jeudi 12 mars 2009

Un slogan tatoué sur la brique


La convention collective des professeurs de l'UQAM est échue depuis deux ans. Leur traitement est inférieur à celui des professeurs de l'UdeM. Et le ratio prof/étudiants est particulièrement dramatique. Depuis quelques semaines, leur syndicat, le SPUQ, organise donc des journées de grève ponctuelles. Et là, une semaine de grève continue vient d'être votée pour la semaine prochaine.

Les profs, foulard orange au cou et pancarte à la main, se sont regroupés devant les entrées des pavillons pour distribuer des tracts informatifs, mais aussi pour attirer l'attention des passants en sifflant et en faisant du bruit. Ils ne bloquaient pas les portes, ils ne faisaient que manifester leur présence. Une grève ordinaire, quoi. Comme disait Max en traversant le nuage de grévistes à l'entrée du DS, l'autre jour : "Same old, same old" : rien de nouveau sous le soleil de l'UQAM.

Justement.

L'un des profs, sans doute l'un de ceux qui ont voté contre la proposition de grève (bien qu'il reconnaisse la pertinence des revendications), a écrit une lettre au Devoir, aujourd'hui. Son argument est le même que celui des étudiants qui, dans les assemblées générales, viennent se prononcer contre les grèves : il y a sûrement un autre moyen de se faire entendre. Comment se fait-il, s'interroge-t-il, que ce rassemblement hors-norme de gens intelligents et éduqués n'ait pas eu l'illumination, n'ait pas enfin trouvé le moyen de pression qui pourrait servir la cause mieux que la grève?

La question mérite d'être posée. Parce que l'UQAM commence à avoir la grève comme principale caractéristique, comme un slogan tatoué sur les briques du Judith-Jasmin. Et malgré mon appui à la lutte du SPUQ, je m'inquiète de la réputation que mon université est en train de se faire - parce que la direction, elle, sait très bien présenter la situation à son avantage, faisant de ses profs et de ses étudiants des enfants gâtés inconscients de la réalité, entrant en grève au moindre prétexte.

9 commentaires:

Ariane a dit…

Je ne peux qu'être d'accord. Cette fois-ci encore, l'AFESPED semble vouloir absolument voter une grève de soutien aux profs. Lors de l'assemblée d'hier, comme le quorum de 15% des membres (environ 300 personnes) n'était pas atteint pour voter une grève, qu'est-ce que l'assemblée fait? Elle vote une baisse du quorum à 100 personnes afin que la résolution passe la prochaine fois. C'est peut-être juste moi, mais je trouve ça drôlement anti-démocratique.

Esquimaude a dit…

Quoi?!
C'est effectivement antidémocratique.

Marie-Pier a dit…

L'AFEA aussi veut voter une grève de soutien, mais bon... je ne suis pas trop touchée en ce moment puisque je suis sensée rédiger. J'irai bien voter, mais ils font toujours cela sur l'heure du dîner, quand je travaille... Grrr!!!

Et parlant de perte de crédibilité, l'AFESPED en est un bon exemple avec cette baisse de quorum...

Miss Do a dit…

Ohh la la ! Sans vouloir tomber dans les préjugés, j'ai comme l'impression que ce sont les "P" plutôt que les "D" de l'AFESPED qui ont voté pour ça!

Je vous offre mon soutien moral à distance, les filles.

Danger Ranger a dit…

@ Ariane et Maude:
Au cégep de St-Lô je m'étais déjà prononcé dans le journal étudiant contre la grève pour la même raison du quorum extrêmement bas: 15% de la pop. étudiante suffisaient. Et là, la grève passait à 55% des voix, donc tout le monde se retrouvait en grève parce que 8% avaient voté pour. Débile. Moi je disais (à l'asso): vous voyez bien que tout le monde s'en &@#*! de votre grève, alors soit vous faites plus de mobilisation, soit vous changez de tactique, parce que le gouvernement va vous rire dans la face et, c'est dommage, avec raison...

Danger Ranger a dit…

(inutile de dire que les militants enragés souhaitaient ma disparition)

Esquimaude a dit…

Ils devaient en effet rêver de te trucider!

En AG, j'ai (presque) toujours voté pour la grève, parce que j'étais d'accord avec les revendications, et parce que je n'avais rien de mieux à suggérer. Pourtant, j'aurais aimé avoir cette illumination qui transformerait les moyens de pression...

Ariane a dit…

Dans mon cas à l'UQÀM, en 5 ans à l'AFESPED (changement de programme oblige...), je crois que j'ai vécu au moins 3 grèves. Celle-ci serait donc la 4e. Peut-être plus, j'ai perdu le compte. Je me suis fait un devoir d'assister à la majorité des assemblées et j'ai parfois voté pour, parfois contre.

Mais cette fois-ci, j'avoue que je ne suis vraiment pas certaine de la pertinence de faire une grève de soutien. Bien sûr, franchir des piquets de grève est contre mes principes. Cependant, comme l'a dit mon chargé de cours cette semaine (qui semblait trouver la situation hilarante) : "les profs, eux, est-ce qu'ils vous soutiennent?"

Esquimaude a dit…

Ariane : maudit bon point qu'il a, ton chargé de cours. C'est douloureux de devoir le reconnaître, mais c'est loin d'être la majorité des profs qui nous appuient quand on se bat autant pour nos conditions d'études que pour leurs conditions de travail (nous aussi, on voulait l'embauche de nouveaux professeurs...).

Mais comme tu le dis, ça change pas le fait que franchir des piquets de grève, je suis contre. Peu importe la cause.

En 5 ans à l'UQAM, ça doit être ma cinquième grève. C'est déstabilisant de ne pas faire partie de ceux qui la font...