mercredi 4 mars 2009

Subventionner les riches, ça donne des polyvalentes mouillées

(c'est mon école secondaire - elle est belle, hein?)

Je suis un produit de l'école privée. Au secondaire, j'ai eu droit à un programme enrichi et à des professeurs motivés et disponibles qui, en plus de me permettre de péter des scores dans mes cours de français et de philo au cégep, m'ont transmis une large culture générale et une méthode de travail solide.

Je veux dire, on lisait tous les classiques du théâtre français en secondaire 4 et le Monde diplomatique en secondaire 5, et on étudiait la philosophie de Kierkegaard et de Spinoza en plus de l'histoire des courants littéraires, entre autres choses.

Et pourtant.

Hier, à Maisonneuve en direct, il était question du financement des écoles privées. À la question "Faut-il continuer de financer l'école privée?" (qui l'est à 60%, ne l'oublions pas), je n'ai qu'une seule réponse : NON!

Non seulement les écoles privées créent une ségrégation sociale entre les plus et les moins riches, mais en plus, elle écrème les élèves riches pour ne garder que ceux qui sont, selon ses critères, assez doués. Pourquoi est-ce que les parents qui n'ont pas les moyens de payer le privé à leur enfant devrait payer, avec leurs impôts, pour tous ceux qui les ont? Si on cessait de subventionner les écoles privées pour donner cet argent au public, on se retrouverait avec de meilleures écoles publiques qui pourraient se permettre d'avoir elles aussi des programmes enrichi, comme le volet international ou encore le programme Défi de Sophie-Barat, sans sacrifier le "régulier". Il me semble que mon raisonnement n'a rien de révolutionnaire; pourquoi est-ce que le gouvernement n'y a pas pensé tout seul?

Si on redonnait au public l'argent du privé, la question du choix ne se poserait même plus, à mon avis. Il faut dire qu'à 11-12 ans, j'ai choisi le privé parce que, à Sophie-Barat, le jour de l'examen pour entrer au programme Défi, il pleuvait et le toit coulait, laissant des grandes flaques d'eau dans les corridors déjà un peu tout croches...

7 commentaires:

Miss Do a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec toi. (Ô surprise !)
Dans les écoles publiques, le manque de fond affecte l'enseignement de plusieurs façons, de la grosseur des groupes à la qualité (et la quantité) du matériel scolaire. Si ce 60% que reçoit le privé était donné au public, la différence serait énorme.
Sherborne n'est pas financée par l'état. Les parents payent 50 000$ par année. Et au public, en Angleterre, les classes sont équipées de Smartboard et les écoles reçoivent elle aussi des assistants de langue.

Miss Do a dit…

*elles aussi, pardon. J'écris trop vite.

Marie-Pier a dit…

Je ne veux pas répéter ce qui a été dit, mais je suis d'accord. :P

Danger Ranger a dit…

Je donne un gros 110% de soutien à ce que tu dis là!
Je suis aussi, quoique moins, un produit de l'école privée: sec.2,3,4 à l'Académie Sainte-Thérèse avant d'aller fumer encore plus de joints à l'affreuse Polyvalente Deux-Montagnes. L'AST n'était vraiment pas, à mon avis et avec le recul, une très "bonne" école privée, mais j'ai eu le privilège de jouer de la guitare sur scène deux fois par année, des bonnes tounes grunge, rock n' pop s.v.p, au Théâtre du Vieux-Terrebonne à la fin de l'année par-dessus le marché, grâce à une simple option "musique" et à une enseignante hyper dévouée, pis en plus, mon analyse grammaticale, je l'ai sue en sale avant d'avoir pu dire 'société de marde'...

"Il me semble que mon raisonnement n'a rien de révolutionnaire; pourquoi est-ce que le gouvernement n'y a pas pensé tout seul?"
- on dirait que le gouvernement pense jamais tout seul, sauf pour fucker le chien encore plus...

Esquimaude a dit…

...ou alors c'est qu'il laisse les lobbys penser à sa place...

Xandrine a dit…

Haha, je me sens un peu mal parce que ça a l'air vraiment unanime, mais j'aimerais apporter quelques nuances à ton message, Maude.

Évidemment, sur le plan théorique, je suis d'accord avec toi; je vais toujours privilégier le système public à un système à 2 vitesses.

Mais dans le contexte précis et particulier du Québec, je ne suis pas convaincue que d'arrêter de subventionner les écoles privées serait une bonne solution; du moins à court et moyen terme.
Je m'explique.

Je viens moi aussi d'une école privée, mais dans un milieu assez différent du tien. Chez nous, l'école privé ne coûtait vraiment pas grand chose. La question de l'argent était très peu présente, j'avais plusieurs amis-es qui venait de milieu défavorisés.
Maintenant, faut se demander: des milliers d'élèves qui vont dans une école privée présentement, combien pourrait se permettre de continuer à fréquenter le privé non-subventionné? Une infime partie. Ça nous donnerait donc des centaines, des milliers d'étudiants qui devraient être pris en charge du jour au lendemain par le système public.
Je doute que l'argent économisé par le gouvernement en coupant ces subventions soit suffisant pour intégrer tous ces nouveaux étudiants dans le système public!

Pour reprendre l'exemple de mon coin, l'école secondaire publique était déjà débordée à l'époque où j'y avais des amis. Ils avaient à peine assez de cases, de salles pour dîner, et tout. Imagine le trouble de devoir ajouter des centaines d'étudiants supplémentaires, dans les différents niveaux, tout d'un coup... Ce serait catastrophique.

Et j'ai de moins en moins confiance envers le gouvernement pour gérer intelligemment ce genre de choses. :(

MAIS JE T'AIME!!

Esquimaude a dit…

Je suis d'accord avec toi, Alex : il ne faudrait pas, du jour au lendemain, arrêter de subventionner le privé. En fait, l'affaire, c'est qu'il aurait fallu ne jamais commencer. Maintenant que c'est fait, on est pris avec le même problème que pour tout le reste de notre merveilleux (!) système : le changement serait très douloureux, donc on ne le fera pas.