dimanche 3 janvier 2010

La revanche


1999.

Ils sont quatre ou cinq autour d'une table de cafétéria de leur école secondaire. Ils ont les cheveux trop longs ou mal coupés, un début de moustache désastreux, une odeur corporelle douteuse. Ils sont parfois gros, parfois trop maigres, portent souvent des lunettes. Pendant l'heure du dîner, tout le monde, même les plus "rejets", les évite : ils sont une caste à part.

Dans les cours d'éducation physique, ils s'essoufflent beaucoup trop vite, ils n'arrivent pas à faire des passes, ils sont toujours choisis en dernier par les chefs d'équipes. Mais dans les cours d'informatique, ils se tournent les pouces tellement ils ont dépassé tous les objectifs pédagogiques. En attendant un nouveau défi, ils fantasment sur la princesse Leia.

Oui, vous les avez reconnus. Ce sont les nerds.

2010.

Ils ont grandi, ils ont coupé leurs cheveux, ils se rasent de temps en temps et leurs lunettes à monture de plastique sont devenues à la mode. Ils travaillent pour Ubisoft, font un doctorat en génie ou sont techniciens pour Apple. Ou alors, ils font carrément autre chose. Mais quand votre iPod, votre Wii, votre laptop plantent, c'est eux que vous appelez. Ils ne sont plus des nerds. Ils sont des geeks. Et les années 2000 ont été celles de leur revanche.

Ils ne sont plus les seuls à aller voir le film de Star Trek, à multiplier les consoles de jeux ou à rester à l'affût du prochain gadget. On fait des t-shirts et des jeux en leur honneur. Les filles se sont jointes à eux. Ils sont même apparus dans les sitcoms. Et soudain, même s'ils restent un peu étranges, un peu difficiles à comprendre, ils ne sont plus la caste à part : ils sont réhabilités. Tout le monde veut devenir un geek. Geek is the new black.

Il faut dire une chose, cependant (merci à Max pour cette nuance) : il reste, parmi les geeks, des nerds digne de ce nom. Ceux-là ne sont pas hip du tout, ceux-là n'ont pas compris ou n'ont pas eu envie de comprendre que, comme l'a dit si bien Chantal Guy dans La Presse d'hier, les années 2000 ont été, sans conteste, la décennie du geek.

Que voulez-vous, tout le monde ne peut pas être glam.

2 commentaires:

William a dit…

Alors à quand la décennie des lettreux?

Esquimaude a dit…

Je crois que c'était quelque part au 19e siècle... ;)