samedi 30 mai 2009

Aurore

(William m'a refilé la tag-cicatrice démarrée par Bock, et je l'envoie à mon tour à Marie-Pier et à Caroline...)

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Dans le petit carnet d'identification qu'on avait reçu à l'école, quand j'étais en 1ere ou en 2e année, et qui servait à tranquilliser l'esprit des parents en leur fournissant d'avance les informations à écrire sur l'avis de recherche de leur enfant si d'aventure celui-ci se faisait enlever, ma mère avait écrit, à côté de "signe distinctif" : "Cicatrice au poignet droit".

C'est pas mal pratique d'avoir un signe distinctif parce que, quand t'es une petite fille aux cheveux bruns et aux yeux bruns, t'es pas facile à identifier pour l'agent de sécurité du centre d'achats qui te cherche parce que t'as perdu ta mère. Pas autant qu'une petite grosse rousse et frisée, mettons.

N'empêche, ma mère, elle s'en voulait (et elle s'en veut encore), parce que, disons-le, si j'ai cette cicatrice-là, c'est un peu de sa faute.

J'avais à peu près deux ans, peut-être trois, et ma mère nous faisait du spaghetti pour dîner. J'avais faim, il paraît, et j'avais hâte de manger mon spaghetti. Mais une fois que les assiettes ont été servies, le téléphone a sonné. Dans ce temps-là, les téléphones avaient un fil, on ne pouvait pas les emporter partout avec nous, et ça s'adonne que le nôtre était dans le salon, à l'autre bout du bungalow. Alors ma mère a fait ce que tous les livres d'éducation disent de ne pas faire, tout simplement parce que, des fois, la vie, c'est pas comme dans les livres d'éducation : elle m'a laissée toute seule dans la cuisine pour aller répondre au téléphone.

Je vous l'ai dit, j'avais faim, alors j'ai étiré les bras pour attraper mon assiette sur le comptoir, pour manger tout de suite, même si ma mère avait décidé d'aller répondre au téléphone et de laisser refroidir son dîner. C'est à ce moment-là que ma mère a entendu hurler : mon poignet s'était, paraît-il, retrouvé sur le rond du poêle à côté du comptoir, qui était éteint, mais encore brûlant. Je me souviens qu'ensuite ma mère a mis de l'onguent, de la glace, et je pense qu'on est allées à la clinique. Mais en tout cas, on n'a pas mangé notre spaghetti.

Et c'est comme ça qu'est apparue ma plus vieille cicatrice, première d'une longue série de brûlures et de coupures.

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Ça, c'est la version officielle. Sauf qu'il y a quelque chose de louche, dans cette histoire.

Étant donné la configuration de notre cuisine de l'époque, les assiettes se trouvaient sur le comptoir à la gauche du poêle. Jusque-là, ça va : la cicatrice est sur le poignet droit. Mais vous essaierez, vous, de vous brûler le côté gauche du poignet droit sur un rond de poêle qui se trouve à votre droite...

Ça fait 20 ans que j'essaie de comprendre, et je ne vois toujours pas comment ça a pu arriver.

1 commentaire:

Céline a dit…

Hein, woaaa c'est étrange. Je savais même pas que tu avais une cicatrice au poignet, j'avais pas remaqué.

Mais, heu, l'explication est assez simple. Si tu tournes ton poignet avec les paumes pointant vers le haut, il est possible que tu te sois brûler le côté gauche du poignet droit. Il est possible de prendre une assiette par le haut ou par le bas. En tout cas, moi je pense que c'est ça.

Sinon une explication plus rationnelle c'est que les extras-terrestres t'ont enlevé pendant la minute où tu voulais prendre ton spaghetti.