lundi 20 avril 2009

Quand la réalité fait plus peur que la fiction


Vous vous souvenez de la tuerie du Columbine? Dans les journaux, à la télé, on avait décrit les deux ados responsables par les clichés habituels : victimes d'intimidations, fans de Marilyne Manson, rejetés et assoiffés de vengeance... Ça faisait peur, parce que des jeunes intimidés, il y a toujours eu, il y en aura sans doute toujours, et on ne sait jamais quand l'un d'eux décidera de se retourner vers nous avec un gun. Ça faisait peur, mais au moins, ça créait une sorte de sens, ou du moins, une explication, et ça permettait d'espérer qu'on ne répèterait pas les mêmes erreurs.

Sauf que la vérité, mise au jour par le journaliste Dave Cullen dans son livre Columbine, casse complètement l'image qu'on s'était faite. Ces deux gars-là étaient brillants, sociables, sportifs. Ils étaient appréciés par les profs et les élèves, et même par les filles. Des gars ordinaires - pire, des bons élèves, le genre qui écrivent des poèmes contre la haine dans leur cours de création littéraire.

Rien, mais vraiment rien de commun avec les caricatures que, comme le dit Rima Elkouri, on aurait bien voulu qu'ils soient. Mais alors, comment on explique tout ça?

Selon Cullen, l'un d'eux était un réel psychopathe; l'autre cachait une dépression et des idées suicidaires qui l'auraient rendu influençable. Mais ça, personne ne le voyait, personne ne le savait.

Et c'est pour ça que la vérité est encore plus effrayante que le mythe : parce qu'elle brise l'idée rassurante qu'en règlant le problème de l'intimidation, on règlera le problème de la violence. Parce qu'elle nous montre que le prochain tueur (parce qu'il y en aura un, quelque part), ça pourrait vraiment être n'importe qui.

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